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Cours de français de m. bruno rigolt – lycée en forêt – montargis (france). ressources pédagogiques en ligne – culture générale, entraînement à l’épreuve de culture générale et expression du bts. sujet type : paris, capitale de la comédie sociale corrigés, bts 2024 « paris, ville capitale  » entraînement n°1 : synthèse + écriture personnelle → corrigés pour accéder au corpus, cliquez ici ., ① la synthèse, les mots clés du corpus.

  • Arrivisme  : souvent associé à une volonté de réussite à tout prix. l’arrivisme désigne une attitude ou une tendance à rechercher avidement le succès social ou professionnel, souvent au détriment de valeurs morales ou de considérations éthiques. Cette forme d’ambition impliquant le désir de pouvoir, de richesse ou de prestige, a largement été mise en lumière par le roman d’apprentissage au XIX ème siècle. Georges Duroy, le héros du roman  Bel-Ami de Maupassant (1885) est le type même de l’arriviste : égocentrique, opportuniste et séducteur.
  • Segmentation sociale : la segmentation sociale désigne la division de la société en différents groupes ou catégories en fonction de divers critères tels que le revenu, l’éducation, la profession, l’origine ethnique, etc. En sociologie, l’étude de la segmentation sociale permet de mieux comprendre les inégalités et les tensions qui peuvent exister au sein d’une société. Dans le corpus, tous les documents insistent à des degrés divers sur l’idée de segmentation sociale. Par exemple, La Bruyère observe et décrit les différentes strates de la société parisienne. Il analyse avec beaucoup de finesse et d’acuité les comportements, les valeurs et les caractéristiques des différents groupes sociaux, mettant en lumière les distinctions entre les classes sociales, les habitudes et les modes de vie (y compris face au monde rural). De même, l’exploration de la segmentation sociale dans les textes d’Olivier Py, de Balzac ou dans le tableau de Caillebotte en font des observateurs aigus et critiques de la société de leur temps, offrant ainsi une analyse profonde des tensions et des dynamiques qui structurent les relations sociales.
  • Comédie sociale : l a comédie sociale renvoie aux faux-semblants. Paris est ainsi un miroir tendu qui nous invite à dépasser les apparences pour mieux démasquer les faux-semblants de la société. Le corpus propose une réflexion sur les rapports humains, les normes et les codes sociaux (façons de s’habiller, de parler, de se comporter, etc.). Pour Balzac, Olivier Py, et bien entendu La Bruyère, nul doute que la société parisienne est une sorte de théâtre où chacun « joue un rôle ». La mission de l’écrivain est précisément de faire tomber les masques et de mettre à jour le simulacre de « l’inhumaine comédie »… Cette problématique est très riche dans la mesure où elle met à jour notre rapport aux autres et à nous-même. Dans une société du spectacle et de l’apparence, tout ne serait-il qu’illusion au détriment de la vérité ? Divertissement au sens pascalien, et mise en scène de soi au détriment de la morale. Comme on le voit, le terme comédie nous renvoie, au monde du simulacre et des apparences.

Présentation du corpus Pour accéder au corpus, cliquez ici .

  • Document 1. Olivier Py est un homme de théâtre français né le 24 juillet 1965 à Grasse. Acteur, metteur en scène et dramaturge, il a été directeur du Festival d’Avignon de 2013 à 2019 et dirige le Théâtre du Châtelet depuis 2023. Publié en 2016 aux éditions Actes Sud,  Les Parisiens  se présente comme un roman « balzacien » : Aurélien, le personnage principal, sorte d’arriviste séducteur du XXI ème  siècle, veut subjuguer la capitale par le théâtre. Avide de plaisirs et de reconnaissance, il se lance avec arrogance à la conquête du Tout-Paris culturel et politique. Sur sa route, il croise une galerie de personnages violents socialement, moralement ou physiquement dans un monde cynique où tout n’est que simulacre et représentation. Le passage à étudier se situe au début du livre.
  • Document 2. Gustave Caillebotte (1848-1894) est un peintre impressionniste français dont les peintures urbaines très réalistes, mettent en scène des moments de la vie quotidienne à Paris. La toile montre un homme élégant, coiffé d’un chapeau haut-de-forme et en habit. Vu de dos, il contemple depuis son balcon le boulevard Haussmann, symbole du développement économique sous la III ème  République. Ce célèbre boulevard abrite toujours plusieurs grands magasins parisiens renommés, comme les Galeries Lafayette et le Printemps, qui ont contribué à renforcer l’association du boulevard avec la bourgeoisie d’affaires et le commerce haut de gamme.
  • Document 3. Rédigé entre 1837 et 1843, Illusions perdues  est un roman majeur d’Honoré de Balzac, appartenant au cycle de  La Comédie humaine , vaste ensemble de récits donnant à voir des personnages en quête de gloire et de réussite, mais dont les illusions se heurtent aux dures lois du monde social.  Illusions perdues  raconte l’histoire d’un jeune provincial désargenté, Lucien de Rubempré, ayant quitté Angoulême dans l’espoir de faire fortune à Paris grâce à son talent littéraire. Dans ce passage, le jeune homme écrit à sa sœur pour l’informer de sa nouvelle vie…
  • Document 4. Brillant moraliste du XVII ème  siècle, Jean de La Bruyère a consacré sa vie à la rédaction d’une œuvre unique :  Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle . Plusieurs fois réédité du vivant de son auteur, l’ouvrage comporte de nombreuses réflexions sociologiques réparties en seize livres. Dans le livre VII intitulé « De la ville », La Bruyère met en scène un homme du monde propulsé dans Paris. C’est l’occasion pour l’auteur de s’en prendre vivement à la capitale, vaste théâtre divisé en microsociétés éphémères et superficielles dont les habitants agissent comme des acteurs faits seulement pour la parade. 

Conseil : même si le tableau comparatif est évidemment important pour réaliser votre plan, n’hésitez pas, dès les premiers repérages, à identifier spontanément des informations essentielles (quoi ? comment ? pourquoi ?) et à exploiter un plan-type au moment de formuler vos axes : cela vous aidera à percevoir de façon plus globale et spontanée la structure du corpus ainsi que le mode de relation entre les documents.

Le plan de la synthèse

1) Paris, centre du monde et des ambitions personnelles

  • La ville de tous les possibles : rêve et ambition sociale [2, 9, 15, 16, 19]
  • Paris, ville de tous les contrastes  : richesse et précarité [1, 6, 13, 14] ; segmentation sociale [4, 13, 14, 21]

2) Vie parisienne et superficialité : le paraître comme échappatoire

  • De l’être au paraître : Paris, capitale de la comédie sociale [3, 5, 10-12, 17, 20] et symbole de l’anti-province : vacuité exacerbée [4, 5, 16, 22, 23] 
  • Du triomphe de l’individualisme à la solitude et au vide intérieur [2, 7, 18, 22-24]

La synthèse rédigée

[ Introduction]

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[ I. Paris, centre du monde et des ambitions personnelles]

____ Par sa diversité, son effervescence et son rayonnement, Paris apparaît d’emblée comme une métropole culturelle dynamique et fascinante. « Monter à la capitale », c’est d’abord l’espoir d’une ascension sociale comme en témoignent les deux extraits de romans. Pour Lucien de Rubempré, le jeune héros d’ Illusions perdues (1843), Paris est la capitale de tous les possibles. Balzac décrit à ce titre l’irrépressible désir de réussite et de gloire littéraire de ce jeune provincial romantique soumis aux mirages de l’illusion : dans la lettre qu’il écrit de Paris à sa soeur restée à Angoulême, le héros s’illusionne en effet sur son destin. L’auteur ironise sur la vocation artistique de ce personnage misérable qui rêve de vêtements à la mode et de restaurants chics dans l’espoir de croiser le beau monde et les esprits éclairés de son temps. S’inscrivant dans cette veine balzacienne, Olivier Py choisit également la capitale comme cadre de son roman. Aurélien, le personnage principal des Parisiens (2016) est littéralement hanté par le désir narcissique de parvenir. Avide de plaisirs et de reconnaissance, il se lance avec arrogance à la conquête d’un monde où l’argent et l’ambition sociale rêgnent en maître. ____ Le tableau de Gustave Caillebotte « Homme à son balcon » (1880) semble résumer à lui seul les rêves de gloire et d’ascension décrits par les romans : la toile présente un homme élégant vu de dos qui prend la pose et contemple de son balcon le boulevard Haussmann, symbole des transformations sociales et politiques sous le Second Empire. Archétype de la réussite, le personnage illustre l’arrivisme d’une société projetée dans une course effrénée du pouvoir et de l’argent. En témoigne l’importance du lieu : le boulevard Haussmann. L’attitude hautaine du personnage qui est « parvenu » socialement contribue à renforcer l’association du boulevard avec la bourgeoisie d’affaires et la dynamique de l’enrichissement. A ce titre, la théâtralisation de la scène voulue par Caillebotte interroge le spectateur : tout semble en effet spectacle et mise en scène ; le balcon devenant un espace de figuration pour le « personnage-acteur ». Cette remarque prend tout son sens dans l’extrait des Caractères de La Bruyère (1688) : comme le dit l’auteur, « l’on se donne à Paris », suggérant que tout s’y joue et que la ville est le centre d’un monde des apparences, rongé par les appétits de pouvoir.

____ Dès lors, il n’est guère étonnant que le corpus mette l’accent sur les contrastes sociaux. En contrepoint de l’opulence que donne à voir le tableau de Caillebotte, le petit garni de Lucien de Rubempré devient le cadre illusoire de l’ambition et des rêves du jeune provincial. Vivre à Paris, c’est pour le personnage l’espoir de la réussite et de la gloire, au côté des grands écrivains et des illustres penseurs. Pourtant il vit misérablement et sa naïveté le condamne à n’être que le faire-valoir d’une société qui l’écrase de sa toute-puissance. Comment d’ailleurs ne pas voir dans l’atitude hautaine du personnage de Caillebotte le symbole de ce monde de parvenus où seule compte la comédie des apparences, c’est-à-dire les signes de la réussite ? Le monde de Paris prend en effet tout son relief dans la confrontation qui l’oppose à celui de la province, que montre très bien Balzac : incapable de déchiffrer les codes sociaux et de percevoir le pouvoir de l’argent, son héros semble irrémédiablement condamné. Pareillement, Olivier Py et La Bruyère reviennent longuement sur les contrastes sociaux qui marquent la capitale, partagée entre l’extrême richesse et la misère. ____ De même, le fait que le peuple n’apparaisse pas dans le tableau de Caillebotte, suggère que la réussite a pour corollaire la cruelle indifférence de l’homme d’argent. La peinture semble ainsi traduire la déshumanisation de la métropole, très bien montrée par Olivier Py et surtout La Bruyère qui fait porter ses observations sur l’anonymat et la segmentation de Paris. Fortement empreint de darwinisme social dans le roman d’Olivier Py, l’arrivisme va de pair avec le désir frénétique de jouissance et de possession matérielle. Cette image de perdition est parfaitement illustrée par le texte de Balzac qui fait de Paris un « gouffre » en  proie aux influences les plus délétères. Enfin, s i pour Olivier Py, la capitale abrite une diversité et une richesse culturelle comparable à celle d’un « bestiaire merveilleux », c’est pour dénoncer ironiquement un monde de personnages dont les activités oscillent entre l’hédonisme, le paraître, la corruption et l’échec social. Paris apparaît ainsi comme le grand théâtre d’un monde en mutation qui subordonne tout à l’ambition et à l’argent. Monde dominé par l’individualisme, la solitude, l’anonymat et la segmentation des rapports sociaux, 

[ II. Vie parisienne et superficialité : le paraître comme échappatoire]

____ En outre, le corpus fait de Paris le lieu d’une société où le paraître prime l’être. Jeunes et beaux, les héros de Balzac et d’O. Py mettent l’accent sur l’apparence : la lettre qu’envoie le jeune Lucien à sa sœur est en effet un modèle de narcissisme. Tourné vers le paraître, le héros se complet dans une vision artificielle de l’existence. Cet aspect est encore plus poussé chez Olivier Py : à la fausse conscience du personnage « se jouant à lui-même la comédie de sa propre béatitude » répondent les portraits des parisiens, où dominent l’anonymat et la vanité des convenances. L’auteur va même jusqu’à faire de ce monde de dissimulation une échappatoire à la mort, comme si les gens cherchaient à éviter de penser à leur propre finitude en s’immergeant dans des activités ou des expériences qui les distraient de cette réalité inéluctable. De même, l’exacerbation des valeurs matérialistes dans le tableau de Caillebotte et l’insistance sur le paraître sont à mettre en relation avec la vie parisienne brillante et superficielle décrite par La Bruyère qui insiste avec force sur les mouvements incessants et vains des parisiens pour « paraître ». ____ Cette « effrayante rapidité » de la vie parisienne, à la fois séduisante et aliénante, est particulièrement bien montrée dans le texte de Balzac qui insiste sur l’exaltation du héros devant l’activité intense que permet Paris face à la province, symbole de stagnation et de déclin. La vison réelle de la capitale laisse place à une vision fantasmée marquée par le parisianisme, le paraître et la superficialité : en témoigne la fascination du jeune Lucien pour les cafés ou les théâtres. Dans le même ordre d’idées, La Bruyère revient longuement sur la misère morale d’une humanité marquée par la vanité, l’inauthenticité et qui a perdu tout contact avec les choses de la nature. Pour les deux auteurs, Paris est donc le symbole de l’anti-province : son effervescence offre certes un spectacle fascinant mais elle est aussi le miroir pessimiste d’une société individualiste et sans repères : notamment dans Les Caractères , la stigmatisation de la capitale va de pair avec la critique du libertinage. Face au naturel et à la simplicité de la campagne, Paris devient ainsi le miroir grossissant et caricatural d’une humanité en proie à la décomposition du corps social.

____ Le dossier met enfin particulièrement en valeur les crises morales subies par la société depuis le XVII ème siècle jusqu’à notre monde le plus contemporain, en passant par la Révolution industrielle en même temps qu’il reprend le mythe fécond de la ville, lieu de tous les possibles et de toutes les tentations, lieu complexe qui allie les vertus de la réussite et les dérives de l’arrivisme. A la fois humain et inhumain, Paris devient ainsi le lieu initiatique des contradictions et des faiblesses de la société toute entière. Symbole de la fragmentation sociale et de la dissolution des repères fondamentaux notamment chez La Bruyère, Paris semble marquée par le déracinement et la perte des identités qui constituaient la stabilité de la société : cet amer constat se retrouve dans tous les documents du corpus. Chez Balzac et Olivier Py, l’idéal du mérite personnel est remplacé par l’arrivisme. De même La Bruyère montre qu’on mène à Paris une vie anti-naturelle qui entraîne la disparition des valeurs au profit d’un monde où domine l’esthétique de l’excès et du simulacre. Le texte dénonce ainsi une véritable « comédie humaine », au sens balzacien du terme. ____ Accusée d’abolir les besoins de l’être, la société parisienne serait donc celle de la vacuité exacerbée et du vide intérieur. Si Olivier Py s’attarde sur la diversité et la richesse culturelle de Paris, c’est pour en questionner le sens. Confronté au vide métaphysique, son héros cherche, dans un mouvement de dépassement, à se déifier lui-même pour atteindre la réussite et la victoire. Tout l’extrait met à nu le nihilisme d’une société écrasée par le trop plein des choses et la présence proliférante des biens de consommation dans un monde en crise, confronté au vide existentiel ; monde en archipel que décrit parfaitement La Bruyère où personne ne croit à rien et cherche encore à donner un sens à l’absence de sens. Comme nous le comprenons, le dossier interroge la relation entre l’être et le paraître, notamment la manière dont les individus façonnent leur représentation pour correspondre à ce qu’ils pensent être attendu d’eux : à défaut de relations sociales véritables, seuls comptent le simulacre et la comédie des apparences. En témoignent ces propos sans appel d’Olivier Py qui résument le corpus : « une vie parisienne faite d’inutilités et de paillettes ».

[Conclusion]

____ Au terme de ces analyses, Paris apparaît bien comme la « capitale des capitales », mêlant étroitement deux aspects qui vont de la fascination au désenchantement. Mais si elle est présentée dans le dossier comme le symbole de l’ambition, de la cupidité, voire de la fragmentation des classes sociales ou de la comédie des apparences, il n’en demeure pas moins que la ville-lumière suscite un véritable mythe : celui d’une capitale emblématique et inspirante abritant d’éternels fantasmes à la croisée de la réalité sociale et des stéréotypes, de l’histoire et des rêves…

© Bruno Rigolt, mars 2024

② Le sujet d’écriture personnelle

  • À la différence de la synthèse qui exige une stricte neutralité, vous devez clairement affirmer votre opinion.
  • Convaincre et persuader…  Quel que soit le type de sujet, il s’agit de proposer des pistes de réflexion. Pensez à mettre en valeur votre démarche argumentative : vos arguments doivent toujours être illustrés par un ou plusieurs exemples tirés du du corpus, des œuvres étudiées pendant l’année et/ou de votre culture générale (littérature, arts, actualité…).

➤ Sujet : Le narrateur du roman d’Olivier Py déclare à propos de la vie parisienne qu’elle est « faite d’inutilités et de paillettes ». Ce jugement répond-il à votre vision de la capitale ? Vous répondrez à cette question d’une façon argumentée en vous appuyant sur les documents du corpus, vos lectures de l’année et vos connaissances personnelles.

Ce type de sujet amène ici à soutenir un raisonnement illustré par des exemples  répondant à une problématique dans le but de convaincre un lecteur en justifiant ou en confrontant des thèses successives.  La démarche dialectique (oui/non) semble tout à fait indiquée. Vous pouvez par exemple défendre un point de vue dans la thèse (votre première partie) en trouvant au moins deux arguments illustrés d’exemples, et à le nuancer dans l’antithèse (votre deuxième partie) en trouvant également deux arguments illustrés d’exemples :

  • Certes , « la vie parisienne est faite d’inutilités et de paillettes »
  • Néanmoins , il faut dépasser cette image assez stéréotypée 

Plan développé

I) La vie parisienne est faite d’inutilités et de paillettes…

II) Affirmer que la vie parisienne est faite « d’inutilités et de paillettes » s’apparente donc quelque peu à un cliché sur la capitale. Bien que Paris puisse parfois être associée aux apparences et à la superficialité, nul ne saurait contester le décisif ascendant de la capitale : par sa diversité et sa richesse, Paris offre en effet une multitude d’expériences culturelles et artistiques qui vont bien au-delà de son image superficielle. C’est par ailleurs une cité attachante à l’histoire singulière. Enfin, par son statut de « ville-monde », Paris s’impose au XXI ème siècle comme une mégapole de tout premier plan, en raison des fonctions stratégiques qu’elle exerce à l’échelle internationale.

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Paris, ville capitale ?

Entraînement à l’épreuve de Culture générale et expression du BTS

Paris, capitale de la comédie sociale ?

Entraînement bts thème au programme : paris, ville capitale sujet complet conforme au bts ➤ les corrigés (synthèse + écriture personnelle) ont été mis en ligne ., paris, capitale de la, comédie sociale .

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La présentation du corpus et des conseils de méthode seront mis en ligne prochainement. Mise en ligne des corrigés : mercredi 20 mars 2024.

Activités d’écriture : 

♦ Synthèse : Vous réaliserez une synthèse concise, ordonnée et objective des documents suivants : 1. Olivier Py, Les Parisiens , 2019 2. Gustave Caillebotte, « L’Homme au balcon, boulevard Haussmann », 1880 3. Honoré de Balzac, Illusions perdues ,1843 4. Jean de La Bruyère, Les Caractères , « De la ville », 1688

♦ Écriture personnelle : Le narrateur du roman d’Olivier Py déclare à propos de la vie parisienne qu’elle est « faite d’inutilités et de paillettes ». Ce jugement répond-il à votre vision de la capitale ? Vous répondrez à cette question d’une façon argumentée en vous appuyant sur les documents du corpus, vos lectures de l’année et vos connaissances personnelles.

NIVEAU DE DIFFICULTÉ :   *** DIFFICILE

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Document 1 : Olivier Py, Les Parisiens , 2016

Olivier Py est un homme de théâtre français né le 24 juillet 1965 à Grasse. Acteur, metteur en scène et dramaturge, il a été directeur du Festival d’Avignon de 2013 à 2019 et dirige le Théâtre du Châtelet depuis 2023. Publié en 2016 aux éditions Actes Sud, Les Parisiens se présente comme un roman « balzacien » : Aurélien, le personnage principal, sorte d’arriviste séducteur du XXI ème siècle, veut subjuguer la capitale par le théâtre. Avide de plaisirs et de reconnaissance, il se lance avec arrogance à la conquête du Tout-Paris culturel et politique. Sur sa route, il croise une galerie de personnages violents socialement, moralement ou physiquement dans un monde cynique où tout n’est que simulacre et représentation. Le passage à étudier se situe au début du livre.

___ Un ciel mouvant d’acier et d’or, luxe et pourriture, désenchantement ou exaltation, éveil et songe. ___ Aurélien marche dans Paris les yeux au ciel. Réussir, vaincre, triompher ! ___ Il se regarde faire, aller, siffloter, et en se jouant à lui-même la comédie de sa propre béatitude, il fait de Paris, ses façades de plomb, ses trésors voilés, ses arbres éblouis, un grand décor dont il est le centre. Il est le centre de cette spirale, sa beauté, sa jeunesse, sa désinvolture, son envie insatiable de victoire, Paris ne vit que pour dévorer sa féroce ambition, Paris est fait pour que les arrivistes arrivent et que les séducteurs séduisent. Il a compris le sens même de cette ville, ce n’est pas une ville c’est une manière d’ignorer la mort. C’est une manière de nier la mort – de laisser la mort fumer ses cigarettes et s’habiller en rose, parmi les autres créatures de ce bestiaire merveilleux. […] Oublier la mort, oublier que l’on va mourir, vaincre, triompher. Réussir à Paris, c’est plus grand qu’inscrire en lettres d’or sur un temple fermé l’annulation du ciel. Oublier la mort cela voudrait dire croire au destin, croire à son destin et ridiculiser la mort, cela voudrait dire faire de la mode une religion. Aucune philosophie, jamais, dans sa difficile et amère mithridatisation 1 de la mort, ne vaut le scandale de cette petite robe jaune pailletée dans la vitrine d’un magasin de luxe, soleil éblouissant d’inutilité. Deux jeunes filles la regardent comme le Saint-Sépulcre 2 . Rien n’est vanité et les Parisiens vont vers leurs travaux et leurs amours, leurs combats et leurs trahisons, la moindre de leurs brûlures est une œuvre d’art puisqu’ils l’ont connue à Paris. Chez un antiquaire derrière le Châtelet 3 une critique de théâtre achète des boucles d’oreilles en forme d’ananas, c’est une affaire d’importance. La face du monde est changée. Des gigolos préparent une orgie sous les ordres d’un musclé maître de cérémonie. Acte non moins considérable, un chef d’orchestre obèse, perdu dans les salles du Louvre, regarde les fesses des touristes américains. Et les compare à celles de David 4 . Un quadragénaire qui a survécu au cancer va agacer les lions du Jardin des Plantes, que faire de plus essentiel ? Un vieux milliardaire découvre sous un voile de satin noir la maquette d’un musée qui lui survivra. Chacun combat la mort comme il peut. Un ministre épuisé regarde de son balcon la beauté des nuages et se mesure à leur évanescence 5 en rotant. Deux jeunes femmes qui s’aiment comparent leurs poitrines, ne savent-elles pas que le temps est court et qu’être belle un jour ensoleillé est plus grand que la philosophie ? Une révolution se prépare et des militants peignent sur des cartons des slogans éculés, la révolution elle-même est soumise aux saisons, et une pasionaria 6 en imperméable élimé médite sur les utopies. Près de la gare d’Austerlitz, un groupe de sans-papiers a installé son campement, il leur reste avant l’hiver des combats héroïques qu’on ignore dans le jardin des Tuileries 7 . Une vieille élégante sable le champagne avec un influent mécène. Ensemble, ils rêvent d’intrigues florentines et de têtes coupées. Un pianiste raté pose ses doigts sur un Bösendorfer 8 qu’il n’achètera pas, mais c’est le temps de se laisser flotter dans la loterie des destins. Une actrice alcoolique vitupère au bar de la Comédie-Française. Elle a été brûlée au feu de son génie et Paris est son bûcher. Dans l’église Saint-Gervais, un prêtre qui a perdu la foi admire le recueillement des fidèles, autour de lui le monde est indifférent à sa catastrophe intime. Un illustre ténor dîne au Café de la Paix et parle de l’art du chant français, il regarde les foules aller et venir dans la spirale endiablée des Grands Boulevards. Une fausse duchesse se souvient du temps où elle se vendait pour un repas chaud. Son ascension est plus belle que les étoiles, seul le ciel de Paris en connaît le secret. Un jeune homme brun hésite à s’ouvrir les veines, mais le suicide aussi est une vanité. Et tout ce peuple sait que si rien n’est possible politiquement, il reste à vivre une vie parisienne faite d’inutilités et de paillettes.

Olivier Py, Les Parisiens . Paris, Actes-Sud 2016.

1. mithridatisation : action d’immuniser contre un poison. Ici, être indifférent, insensible face à la mort. 2. Saint-Sépulcre : Selon la tradition chrétienne, le Saint-Sépulcre est le lieu où le corps du Christ fut déposé après sa crucifixion. L’expression est ici à prendre au sens figuré : les jeunes filles regardent la robe avec convoitise, comme un objet presque sacré. 3. Allusion au théâtre du Châtelet, situé place du Châtelet dans le 1 er arrondissement. 4. Allusion au David de Michel-Ange, célèbre sculpture de la Renaissance réalisée entre 1501 et 1504. 5. Evanescence : qui a une apparence floue, imprécise, fugitive. 6. passionaria : femme se passionnant pour une cause, une idée, et dont l’éloquence agit sur les foules 7. Le Jardin des Tuileries est un élégant lieu de promenade situé entre le Louvre et la place de la Concorde.  8. Bösendorfer : prestigieuse manufacture autrichienne de pianos, parmi les plus chers du monde.

Document 2 : Gustave Caillebotte, « L’Homme au balcon, boulevard Haussmann », 1880

Gustave Caillebotte (1848-1894) est un peintre impressionniste français dont les peintures urbaines très réalistes, mettent en scène des moments de la vie quotidienne à Paris. La toile montre un homme élégant, coiffé d’un chapeau haut-de-forme et en habit. Vu de dos, il contemple depuis son balcon le boulevard Haussmann, symbole du développement économique sous la III ème République. Ce célèbre boulevard abrite toujours plusieurs grands magasins parisiens renommés, comme les Galeries Lafayette et le Printemps, qui ont contribué à renforcer l’association du boulevard avec la bourgeoisie d’affaires et le commerce haut de gamme.

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Document 3 : Honoré de Balzac, Illusions perdues , 1843

Rédigé entre 1837 et 1843, Illusions perdues est un roman majeur d’Honoré de Balzac, appartenant au cycle de La Comédie humaine , vaste ensemble de récits donnant à voir des personnages en quête de gloire et de réussite, mais dont les illusions se heurtent aux dures lois du monde social. Illusions perdues raconte l’histoire d’un jeune provincial désargenté, Lucien de Rubempré, ayant quitté Angoulême dans l’espoir de faire fortune à Paris grâce à son talent littéraire. Dans ce passage, le jeune homme écrit à sa sœur pour l’informer de sa nouvelle vie…

« […] Ma pauvre sœur, Paris est un étrange gouffre : on y trouve à dîner pour dix-huit sous, et le plus simple dîner d’un restaurat élégant coûte cinquante francs ; il y a des gilets et des pantalons à quatre francs et quarante sous, les tailleurs à la mode ne vous les font pas à moins de cent francs. On donne un sou pour passer les ruisseaux des rues quand il pleut. Enfin la moindre course en voiture vaut trente-deux sous. Après avoir habité le beau quartier, je suis aujourd’hui hôtel de Cluny, rue de Cluny, dans l’une des plus pauvres et des plus sombres petites rues de Paris, serrée entre trois églises et les vieux bâtiments de la Sorbonne. J’occupe une chambre garnie au quatrième étage de cet hôtel, et, quoique bien sale et dénuée 1 , je la paye encore quinze francs par mois. Je déjeune d’un petit pain de deux sous et d’un sou de lait, mais je dîne très-bien pour vingt-deux sous au restaurant d’un nommé Flicoteaux, lequel est situé sur la place même de la Sorbonne. Jusqu’à l’hiver ma dépense n’excédera pas soixante francs par mois, tout compris, du moins je l’espère. Ainsi mes deux cent quarante francs suffiront aux quatre premiers mois. […] N’ayez donc aucune inquiétude à mon sujet. Si le présent est froid, nu, mesquin, l’avenir est bleu, riche et splendide. La plupart des grands hommes ont éprouvé les vicissitudes 2 qui m’affectent sans m’accabler. […] Les chagrins et la misère ne peuvent atteindre que les talents inconnus ; mais quand ils se sont fait jour, les écrivains deviennent riches, et je serai riche. Je vis d’ailleurs par la pensée, je passe la moitié de la journée à la bibliothèque Sainte-Geneviève, où j’acquiers l’instruction qui me manque, et sans laquelle je n’irais pas loin. […] Je ne regrette pas non plus d’avoir quitté Angoulême. Cette femme avait raison de me jeter dans Paris en m’y abandonnant à mes propres forces 3 . Ce pays est celui des écrivains, des penseurs, des poètes. Là seulement se cultive la gloire, et je connais les belles récoltes qu’elle produit aujourd’hui. Là seulement les écrivains peuvent trouver, dans les musées et dans les collections, les vivantes œuvres des génies du temps passé qui réchauffent les imaginations et les stimulent. Là seulement d’immenses bibliothèques sans cesse ouvertes offrent à l’esprit des renseignements et une pâture 4 . Enfin, à Paris, il y a dans l’air et dans les moindres détails un esprit qui se respire et s’empreint dans les créations littéraires. On apprend plus de choses en conversant au café, au théâtre pendant une demi-heure qu’en province en dix ans. Ici, vraiment, tout est spectacle, comparaison et instruction. Un excessif bon marché, une cherté excessive, voilà Paris, où toute abeille rencontre son alvéole, où toute âme s’assimile ce qui lui est propre. Si donc je souffre en ce moment, je ne me repens 5 de rien. Au contraire, un bel avenir se déploie et réjouit mon cœur un moment endolori. Adieu, ma chère sœur, ne t’attends pas à recevoir régulièrement mes lettres : une des particularités de Paris est qu’on ne sait réellement pas comment le temps passe. La vie y est d’une effrayante rapidité. J’embrasse ma mère, David, et toi plus tendrement que jamais. Adieu donc, ton frère qui t’aime.

1. dénuée : vide, dépouillée de biens matériels, non meublée. 2. v icissitudes : ici : événements malheureux qui se succèdent. 3. Allusion à Louise de Bargeton, femme de la noblesse angoumoisine dont s’éprend Lucien. Après avoir entraîné le jeune homme vers Paris en lui faisant miroiter une vie rêvée, elle l’abandonne rapidement. 4. pâture : ici, nourriture spirituelle. 5. se repentir : regretter vivement une faute, une faiblesse.

Document 4 : Jean de La Bruyère, Les Caractères , « De la ville », 1688

Brillant moraliste du XVII ème siècle, Jean de La Bruyère a consacré sa vie à la rédaction d’une œuvre unique : Les Caractères ou les Mœurs de ce siècle . Plusieurs fois réédité du vivant de son auteur, l’ouvrage comporte de nombreuses réflexions sociologiques réparties en seize livres. Dans le livre VII intitulé « De la ville », La Bruyère met en scène un homme du monde propulsé dans Paris. C’est l’occasion pour l’auteur de s’en prendre vivement à la capitale, vaste théâtre divisé en microsociétés éphémères et superficielles dont les habitants agissent comme des acteurs faits seulement pour la parade. 

___ L’on se donne à Paris, sans se parler, comme un rendez-vous public, mais fort exact, tous les soirs au Cours ou aux Tuileries, pour se regarder au visage et se désapprouver les uns les autres. ___ L’on ne peut se passer de ce même monde que l’on n’aime point, et dont l’on se moque. ___ L’on s’attend au passage réciproquement dans une promenade publique ; l’on y passe en revue l’un devant l’autre : carrosse, chevaux, livrées, armoiries, rien n’échappe aux yeux, tout est curieusement ou malignement observé ; et selon le plus ou le moins de l’équipage, ou l’on respecte les personnes, ou on les dédaigne. ___ Tout le monde connaît cette longue levée qui borne et qui resserre le lit de la Seine, du côté où elle entre à Paris avec la Marne, qu’elle vient de recevoir : les hommes s’y baignent au pied pendant les chaleurs de la canicule ; on les voit de fort près se jeter dans l’eau ; on les en voit sortir : c’est un amusement. Quand cette saison n’est pas venue, les femmes de la ville ne s’y promènent pas encore ; et quand elle est passée, elles ne s’y promènent plus. ___ Dans ces lieux d’un concours général, où les femmes se rassemblent pour montrer une belle étoffe, et pour recueillir le fruit de leur toilette, on ne se promène pas avec une compagne par la nécessité de la conversation ; on se joint ensemble pour, se rassurer sur le théâtre, s’apprivoiser avec le public, et se raffermir contre la critique : c’est là précisément qu’on se parle sans se rien dire, ou plutôt qu’on parle pour les passants, pour ceux même en faveur de qui l’on hausse sa voix, l’on gesticule et l’on badine, l’on penche négligemment la tête, l’on passe et l’on repasse. ___ La ville est partagée en diverses sociétés, qui sont comme autant de petites républiques, qui ont leurs lois, leurs usages, leur jargon, et leurs mots pour rire. Tant que cet assemblage est dans sa force, et que l’entêtement subsiste, l’on ne trouve rien de bien dit ou de bien fait que ce qui part des siens, et l’on est incapable de goûter ce qui vient d’ailleurs : cela va jusques au mépris pour les gens qui ne sont pas initiés dans leurs mystères. L’homme du monde d’un meilleur esprit, que le hasard a porté au milieu d’eux, leur est étranger : il se trouve là comme dans un pays lointain, dont il ne connaît ni les routes, ni la langue ni les mœurs, ni la coutume ; il voit un peuple qui cause, bourdonne, parle à l’oreille, éclate de rire, et qui retombe ensuite dans un morne silence ; il y perd son maintien, ne trouve pas où placer un seul mot, et n’a pas même de quoi écouter. Il ne manque jamais là un mauvais plaisant qui domine, et qui est comme le héros de la société : celui-ci s’est chargé de la joie des autres, et fait toujours rire avant que d’avoir parlé. […] ___ On s’élève à la ville dans une indifférence grossière des choses rurales et champêtres ; on distingue à peine la plante qui porte le chanvre d’avec celle qui produit le lin, et le blé froment d’avec les seigles, et l’un ou l’autre d’avec le méteil : on se contente de se nourrir et de s’habiller. Ne parlez à un grand nombre de bourgeois ni de guérets, ni de baliveaux, ni de provins, ni de regains, si vous voulez être entendu : ces termes pour eux ne sont pas français. Parlez aux uns d’aunage, de tarif, ou de sol pour livre, et aux autres de voie d’appel, de requête civile, d’appointement, d’évocation. Ils connaissent le monde, et encore parce qu’il a de moins beau et de moins spécieux ; ils ignorent la nature, ses commencements, ses progrès, ses dons et ses largesses. Leur ignorance souvent est volontaire, et fondée sur l’estime qu’ils ont pour leur profession et pour leurs talents. Il n’y a si vil praticien, qui, au fond de son étude sombre et enfumée, et l’esprit occupé d’une plus noire chicane, ne se préfère au laboureur, qui jouit du ciel, qui cultive la terre, qui sème à propos, et qui fait de riches moissons ; et s’il entend quelquefois parler des premiers hommes ou des patriarches, de leur vie champêtre et de leur économie, il s’étonne qu’on ait pu vivre en de tels temps, où il n’y avait encore ni offices, ni commissions, ni présidents, ni procureurs ; il ne comprend pas qu’on ait jamais pu se passer du greffe, du parquet et de la buvette.

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Entraînement au Bac de français (séries technologiques) : contraction + essai CORRIGÉS

Entraînement au Bac de français. Séries technologiques : ST2S | STI2D | STL | STMG

CONTRACTION DE TEXTE ET ESSAI : CORRIGÉS

  • Objet d’étude : La littérature d’idées du XVI e siècle au XVIII e siècle
  • Parcours : « Ecrire et combattre pour l’égalité »

Méthodologie des exercices (contraction + essai) : cliquez ici .

Texte de la contraction : Hubertine Auclert, « Discours prononcé au Congrès ouvrier socialiste de Marseille », 1879.

Journaliste, écrivaine et militante féministe française, Hubertine Auclert (1848-1914) est une figure majeure dans l’histoire du mouvement féministe. Elle s’est battue toute sa vie en faveur de l’égalité des femmes et de leur droit de vote. En 1879, le parti socialiste français organise plusieurs congrès ouvriers afin de mener une lutte pour l’amélioration des conditions économiques et sociales du prolétariat. Hubertine Auclert y participe et tient les propos suivants devant plusieurs centaines d’auditrices et d’auditeurs…

Ah ! nous vivons sous une façon de République qui prouve que les mots les plus sublimes deviennent de vains titres qui s’étalent aux regards, quand dans les sociétés les principes qu’ils représentent ne sont pas intégralement appliqués. Une République qui maintiendra les femmes dans une condition d’infériorité ne pourra pas faire les hommes égaux. Avant que vous, hommes, vous conquerriez le droit de vous élever jusqu’à vos maîtres 1 , il vous est imposé le devoir d’élever vos esclaves, les femmes, jusqu’à vous. Beaucoup n’ont jamais réfléchi à cela. Aussi bien, si dans cette imposante assemblée, je posais cette question : Êtes-vous partisans de l’égalité humaine ? Tous me répondraient : Oui. Car ils entendent en grande majorité, par égalité humaine, l’égalité des hommes entre eux. Mais si je changeais de thème, si pressant les deux termes — homme et femme — sous lesquels l’humanité se manifeste, je vous disais : Êtes-vous partisans de l’égalité de l’homme et de la femme ? Beaucoup me répondraient : Non. Alors que parlez-vous d’égalité, vous qui étant vous-mêmes sous le joug 2 , voulez garder des êtres au-dessous de vous. Que vous plaignez-vous des classes dirigeantes, puisque vous faites, vous dirigés, la même œuvre à l’égard des femmes que les classes dirigeantes ? […] On trouve bon de faire des recherches scientifiques sur tout. Chaque jour, on découvre aux animaux et aux végétaux des qualités nouvelles. On multiplie les expériences tendant à tirer des bêtes tout l’utile, des plantes tout le salutaire 3 . Mais jamais encore on n’a songé à mettre la femme dans une situation identique à celle de l’homme, de façon à ce qu’elle puisse se mesurer avec lui et prouver l’équivalence de ses facultés. […] Jamais on n’a essayé d’expérimenter avec impartialité la valeur de la femme et de l’homme. Jamais on n’a essayé de prendre un nombre déterminé d’enfants des deux sexes, de les soumettre à la même méthode d’éducation, aux mêmes conditions d’existence. […] Qu’on renverse les conditions, […] qu’on mette les garçons de 12 à 16 ans à la cuisine, à la couture et qu’on laisse les jeunes filles dans les écoles industrielles ; qu’on les fasse entrer en possession de tous les droits qui ont été jusqu’ici le lot exclusif des hommes ; qu’on enserre les jeunes gens dans l’étiquette et les préjugés à l’aide desquels on a garrotté 4 les femmes ; bientôt les rapports entre la valeur des deux sexes seront totalement renversés. Vous ne voulez pas faire cette expérience ? Savez-vous bien alors que vous nous permettez de croire, à nous femmes, que vous avez moins le doute que la crainte de notre égalité. En continuant à nous laisser dans une vie atrophiante, vous imitez, vous hommes civilisés, les barbares, possesseurs d’esclaves, qui exploitent avec grand profit la prétendue infériorité de leurs semblables. […] Sachez-le, citoyens, ce n’est que sur l’égalité de tous les êtres que vous pouvez vous appuyer pour être fondés à réclamer votre avènement à la liberté. Si vous n’asseyez pas vos revendications sur la justice et le droit naturel, si vous, prolétaires 5 , vous voulez aussi conserver des privilèges, les privilèges de sexe, je vous le demande, quelle autorité avez-vous pour protester contre les privilèges des classes ? Que pouvez-vous reprocher aux gouvernants qui vous dominent, qui vous exploitent, si vous êtes partisans de laisser subsister dans l’espèce humaine des catégories de supérieurs et d’inférieurs ? […] Finissez-en avec ces questions d’orgueil et d’égoïsme. Le droit de la femme ne vous ôte pas votre droit. Mettez donc franchement le droit […] à la place de l’autorité : car, si, en vertu de l’autorité, l’homme opprime la femme, par le fait de cette même autorité, l’homme opprime l’homme. J’ai parlé pour le plus grand nombre. Je m’adresse maintenant à ceux qui se déclarent partisans de l’égalité de l’homme et de la femme, mais dont le mot d’ordre est Chut !… Ne perdons pas notre temps à nous occuper de ce détail. Un détail ! l’exploitation d’une moitié de l’humanité par l’autre moitié ! […] Il y a trop longtemps qu’on fait espérer aux femmes une condition sociale égale à celle de l’homme. Quand en 1789 Olympe de Gouges présenta aux États-généraux au nom des femmes, son cahier de doléances et de réclamations, il lui fut répondu qu’il était inutile d’examiner la condition de la femme, attendu qu’un changement complet devant se faire dans la société, les femmes seraient affranchies 6 comme l’homme. La Révolution éclate : On proclame les droits de l’homme ; les femmes restent serves 7 . Ces femmes qui avaient travaillé à la Révolution croyaient naïvement avoir conquis leur part de liberté. Quand elles se virent tenues à l’écart de tout, elles réclamèrent. Alors, elles furent ridiculisées, bafouées, insultées […]. Et, en même temps que ces révolutionnaires autocrates 8 décrétaient l’inégalité de la femme, ils faisaient entendre jusqu’au bout du monde les mots sonores d’Égalité, de Liberté !

Hubertine Auclert, « Discours prononcé au Congrès ouvrier socialiste de Marseille », 1879.

Nombre de mots : 800

1. Les « maîres » désignent ici les bourgeois. 2. « être sous le joug » : être soumis, être dans l’asservissement moral ou social. 3. « tout le salutaire » : tous les bienfaits. 4. « garrotter » : au sens figuré, « Mettre dans l’impossibilité d’agir librement, priver de toute liberté d’action » ( CNRTL ) 5. « prolétaire » : travailleur appartenant au prolétariat, c’est-à-dire à la classe ouvrière. 6. « affranchies » : libérées. 7. « serves » : soumises. 8. « autocrate » : dont l’autorité est comparable à celle d’un monarque absolu.

Corrigé des activités d’écriture

1) Contraction

Vous résumerez ce texte en 200 mots . Une tolérance de +/– 10 % est admise : votre travail comptera au moins 180 mots et au plus 220 mots . Vous placerez un repère oblique ( / ) dans votre travail tous les 50 mots et indiquerez, à la fin de votre contraction, le nombre total de mots utilisés .

Corrigé de la contraction

___ Pour avoir du sens, une République doit être animée par les plus vertueux principes. Aussi est-il vain de prôner l’égalité dans une République maintenant les femmes dans la servitude. ___ Comment trouvez-vous légitime, messieurs les prolétaires, de vous révolter contre les bourgeois et illégitime que les femmes veuillent [50] s’affranchir de l’oppression masculine ? ___ Pour vous convaincre, tentons l’expérience suivante : inversons le modèle patriarcal au profit des femmes : dès l’école, que les petites filles soient éduquées comme des garçons, et inversement : en modifiant les rapports de force, pareille expérience permettrait de renverser les stéréotypes [100] sexistes. ___ Hommes, si vous refusez une telle expérience, c’est que vous en craignez les résultats. Tout civilisés que vous prétendez être, en maintenant les femmes sous le joug de la servitude, vous n’êtes que des barbares. ___ Pire, comment prétendez-vous vous prévaloir de principes universels comme l’égalité, et dans [150] le même temps, être en contradiction avec le droit naturel en refusant aux femmes l’égalité ? Pareille attitude décrédibilise votre lutte pour l’égalité sociale. ___ En opprimant la femme, l’homme s’opprime lui-même ! On nous a trop longtemps fait croire que les droits de l’Homme servaient également [200] les droits des femmes. Funeste erreur dont Olympe de Gouges et tant d’autres femmes ont injustement payé le prix.

Nombre de mots : 220

Comptage des mots :

  • Les l’ , n’ , s’ , etc. comptent pour 2 mots : « l’homme » : 2 mots ; «  s’affranchir » : 2 mots ; «  l’homme s’opprime » : 4 mots.
  • Les mots composés comptent pour 2 mots à partir du moment où chacun des mots pris séparément a un sens : « est-il » : 2 mots ; «  lui-même » : 2 mots ; mais « a-t-il » : 2 mots (Le t euphonique ne compte pas car il n’a pas de signification propre. Il est « euphonique », c’est-à-dire qu’il n’est utilisé que pour améliorer la sonorité de la langue).
  • Conseil : afin de compter rapidement les mots de votre contraction, écrivez au brouillon 10 mots par ligne dans un tableau :

Hubertine Auclert écrit : « ce n’est que sur l’égalité de tous les êtres que vous pouvez vous appuyer pour être fondés à réclamer votre avènement à la liberté. » En quoi l’égalité de tous les êtres est-elle une juste condition d’accès à la liberté ? Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, sur le texte de l’exercice de la contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans le cadre du parcours : « Ecrire et combattre pour l’égalité ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

Corrigé de l’essai

___ Dans la lignée d’Olympe de Gouges, de Flora Tristan 1 ou de Louise Michel 2 , Hubertine Auclert est une figure majeure du féminisme de la III ème République. En octobre 1879, au Congrès ouvrier de Marseille, elle prend la parole pour réclamer que les femmes, au même titre que les hommes, fassent entendre leur voix. Dans un plaidoyer célèbre pour l’égalité, elle soutient que la revendication d’une vraie République ne peut se faire qu’au prix du suffrage féminin : « ce n’est que sur l’égalité de tous les êtres que vous pouvez vous appuyer pour être fondés à réclamer votre avènement à la liberté ». En quoi l’égalité de tous les êtres, comme l’affirme Hubertine Auclert, est-elle une juste condition d’accès à la liberté ? La problématique de cet essai questionnera l’importance de l’égalité comme fondement nécessaire afin de garantir la liberté pour tous. Après avoir exposé dans les deux premiers axes comment l’articulation entre la liberté et l’égalité est à la base d’une société démocratique fondée sur la sauvegarde des droits de l’humain, nous terminerons notre réflexion en montrant qu’il ne saurait y avoir de liberté sans fraternité.

___ Pour commencer, l’égalité de tous les êtres est le thème central d’une pensée qui cherche à lutter contre la servitude et l’obscurantisme. De fait, comment parler d’égalité lorsque certaines personnes ou catégories sociales sont discriminées ou juridiquement défavorisées ? Comment parler d’égalité devant la loi quand les libertés individuelles sont menacées par les abus de pouvoir ? Comment se prétendre libre si on n’est pas un sujet égal, émancipé du despotisme ? C’est ainsi que dans la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne , Olympe de Gouges pose d’emblée les bases de l’égalitarisme en vertu de l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui dispose 3 que « la loi doit être la même pour tous » : puisque les hommes ont réussi à s’affranchir des erreurs du passé, pourquoi les femmes ne bénéficieraient-elles pas aussi des progrès des Lumières ? Le postambule de la Déclaration est très clair à ce propos : « Femme, réveille-toi ! Le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits ». L’égalité est donc la condition de la liberté. Comme l’affirme encore Olympe de Gouges dans l’article premier de la Déclaration , « la Femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits ». En rappelant le caractère naturel de l’égalité en droits des femmes et des hommes, Olympe de Gouges légitime donc les revendications des femmes à l’égalité. Reprenant l’article 4 de la Déclaration de 1789 qui stipule que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui », Olympe de Gouges reformule avec subtilité l’argument en affirmant : « l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison. » Comme on le voit, l’égalité est la condition de la liberté puisque personne ne peut imposer à autrui une contrainte à laquelle il échapperait lui-même. 

___ En outre, il est nécessaire de rappeler que tous les êtres humains possèdent un droit égal à la liberté : le respect de ce droit devrait être la norme qui fonde les sociétés. Dans De l’esprit des lois , et plus particulièrement dans l’avertissement au lecteur, Montesquieu affirme : « ce que j’appelle la vertu dans la république est l’amour de la patrie, c’est-à-dire l’amour de l’égalité ». Pour Montesquieu, la question de l’égalité est donc à mettre en relation avec la liberté politique : en prônant la séparation des pouvoirs, les philosophes du siècle des Lumières ont cherché à promouvoir l’équilibre, favorisant ainsi la liberté. Mais une telle conception de la liberté n’est possible que si elle permet à tous les êtres humains, sans exception, d’être égaux. Que l’on songe à cet avertissement de Condorcet dans ses Réflexions sur l’esclavage des Nègres 4 (1781) : « Réduire un homme à l’esclavage, l’acheter, le vendre, le retenir dans la servitude, ce sont de véritables crimes, et des crimes pires que le vol ». Pour Condorcet en effet, l’esclavage est le pire crime qui soit car il dépouille l’humain du droit naturel de propriété, y compris sur lui-même. Nous pourrions également rappeler cette phrase essentielle d’Olympe de Gouges dans ses Réflexions sur les hommes nègres  où l’on peut lire : « L’homme partout est égal. Les rois justes ne veulent point d’esclaves […] ». Comment pourrait-on se prétendre libre si l’on fonde sa liberté sur l’infériorité de son semblable ? Nous pourrions évoquer dans le même ordre d’idées les thèses anti-esclavagistes développées au 18 ème siècle par Voltaire, dans le conte philosophique Candide . Au chapitre 19, l’auteur nous amène à nous mettre à la place d’un esclave et à imaginer les souffrances que le malheureux endure. Comme on le voit, en suscitant l’empathie, la littérature d’idées secoue notre bonne conscience et nous oblige à développer notre sens critique afin de vouloir changer les choses pour vivre dans un monde plus juste.

___ Enfin, si Hubertine Auclert a parfaitement raison d’affirmer que « l’égalité de tous les êtres est une juste condition d’accès à la liberté », nous pourrions ajouter qu’il n’y pas de véritable liberté sans fraternité. De fait, égalité ne veut pas dire similitude : une véritable égalité doit prendre en compte les différences dans un esprit de tolérance et d’équité. C’est ce que démontre Étienne de La Boétie en réfutant toute tentative de justification de la servitude et en mettant l’accent sur la nécessité de la fraternité comme condition de la liberté : « la nature, ministre de Dieu et gouvernante des hommes, nous a tous faits de même forme, et comme il semble, selon un même moule, afin que nous nous reconnaissions tous comme compagnons ou plutôt comme frères ». De fait, Étienne de La Boétie a été le premier auteur, dans son Discours sur la servitude volontaire , à avoir exprimé une formule semblable à la devise républicaine en montrant que la fraternité est, par l’égalité qu’elle reconnaît et institue, la condition même de la liberté. Comme on le voit, la liberté individuelle est mieux préservée au sein d’une société où les membres se traitent les uns les autres avec humanisme. Cette notion reflète l’idéal républicain selon lequel la liberté ne peut être pleinement réalisée que dans un contexte de solidarité entre les citoyens : le principe d’une démocratie reposant sur l’idée de « contrat social », c’est-à-dire l’obéissance à des valeurs communes. L’adhésion de l’individu au groupe doit donc être source de cohésion, voire de communion. De nos jours, de nombreux projets participatifs et inclusifs permettent à chacun d’exercer son sens critique tout en se conformant à un même idéal social humaniste : égalité des genres, fraternité, solidarité. Ainsi, l’échange participatif basé sur l’obligation sociale réciproque est une composante essentielle de nos démocraties modernes : réseaux sociaux, dispositifs solidaires d’échange, Web participatif, etc.

___ Comme nous avons essayé de le montrer tout au long de notre réflexion, l’égalité mais aussi la fraternité sont des conditions essentielles de toute société démocratique. Particulièrement à notre époque, où l’on accuse souvent le monde moderne d’isoler les individus ou de détruire le lien social, de nombreux projets communautaires, associatifs et participatifs voient pourtant le jour et permettent de repenser notre modernité et nos modèles civilisationnels dans l’espoir d’un nouveau « vivre ensemble », plus égalitaire et fraternel…

© février 2024, Bruno Rigolt

1. Flora Tristan (1803-1844) est une écrivaine et militante française. Socialiste engagée, elle est connue pour ses plaidoyers en faveur des droits des femmes et des travailleurs. Citation célèbre (à mettre en relation avec la citation de Louise Michel) : « L’homme le plus opprimé peut opprimer un être, qui est sa femme. Elle est la prolétaire du prolétaire même ». ( L’Union ouvrière , 1843). 2. Militante anarchiste, écrivaine et institutrice, Louise Michel (1830-1905) est une figure emblématique de la Commune de Paris en 1871, où elle s’était engagée activement. Toute sa vie durant, elle a lutté pour l’égalité des sexes, la justice sociale et la liberté des opprimé·e·s. Citation célèbre : « Esclave est le prolétaire, esclave entre tous est la femme du prolétaire» (Louise Michel, Mémoires , 1886). 3. En droit, le verbe «  disposer  » signifie décider, décréter, édicter. On dit qu’une loi ou qu’un article de droit «  dispose que … »  Par exemple, l’article 6 de la Constitution française dispose que le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. 4. À l’époque de Condorcet, le terme « nègre » désignait simplement les caractéristiques physiques propres à la race noire. Si le mot « nègre » n’a donc rien de péjoratif sous la plume de Condorcet, il a pris depuis dans la langue courante un sens fortement dépréciatif, voire raciste. Ainsi, dans votre essai, si vous citez Condorcet, vous ne changerez pas le terme « nègre » utilisé par l’auteur. En revanche, vous n’emploierez pas ce terme dans votre argumentaire.

Entraînement au Bac de français (séries technologiques) : contraction + essai

CONTRACTION DE TEXTE ET ESSAI

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Hubertine Auclert écrit : « ce n’est que sur l’égalité de tous les êtres que vous pouvez vous appuyer pour être fondés à réclamer votre avènement à la liberté. » En quoi l’égalité de tous les êtres est-elle une juste condition d’accès à la liberté ? Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, sur le texte de l’exercice de la contraction et sur ceux que vous avez étudiés dans le cadre du parcours : « Ecrire et combattre pour l’égalité ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

Un Automne en Poésie… Saison 13… Aujourd’hui le poème d’Elsa C.

Déclarations 6 décembre 2023 – 30 décembre 2023

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Déclarations…

Il existe beaucoup de manières de déclarer : déclaration de revenus, déclarations d’intention, d éclarations d’amour, Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789 , Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948, Déclaration des Droits de l’enfant du 20 novembre 1959, déclarations d’amitié… On peut déclarer sa flamme ou déclarer la guerre…

Considérant que la poésie est l’une des formes les plus anciennes et les plus belles de proclamer les droits humains, de partager des émotions, d’affirmer la nécessité d’une universalité à contruire, les élèves de 1 ère STMG4 ont choisi à travers cette treizième édition de déclarer leurs émotions, de dire leurs rêves, leurs espoirs, leurs effrois… Au « rien à déclarer », au vide de sens, ils opposent le « tout à déclarer », et reconnaisent à la poésie la capacité d’émouvoir par le langage pour transformer le monde…

Plusieurs textes seront publiés chaque semaine, dans l’Espace Pédagogique Contributif jusqu’au 30 décembre 2023.

Découvrez aujourd’hui le poème d’Elsa C.  (Classe de 1 ère STMG4) Prochaine publication, mercredi 20 décembre : Chloé J.

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Ce rêve, c’est la paix

par Elsa C. Classe de Première STMG4

Je voudrais prendre la mer dans tes bras Avec comme seule doctrine la paix. Cette idylle dans tes yeux je m’y vois Je regarde le vent, Ce mistral qui répète inlassablement : « Les hommes et les femmes naissent libres et égaux en droits Sous les lumières d’une même étoile, Sans distinction sociale ».

Je voudrais prendre la mer dans tes bras Faisant bagages pour ce jardin Celui où les hommes et les femmes Naissent et demeurent égaux en droit. Je voudrais balayer les souvenir d’un monde obscur Qui me laisse m’étouffer de douleur Sous le ciel silencieux face à la guerre, Une cité dont personne ne revient.

Je voudrais prendre la mer dans tes bras En mémoire de ce même vin qui coule dans nos veines. La mer, comme des centaines de perles Guidées par ce même mistral. Comme un chant qui ne cesse de me porter, Comme un tournoi d’oiseaux, Sous les lumières d’une même étoile, Sans distinction sociale.

Je voudrais prendre la mer dans tes bras La mer, miroir de la richesse de ton âme, La mer, aussi bleue que la paix, aussi bleue que le vent. Je regarde notre insignifiante existence Guidée par des désirs de liberté incandescente Je voudrais dans tes yeux pouvoir poser mon cœur Ecorché par la guerre. C’est un rêve vers lequel je cours essoufflée Par mes désirs, par mes larmes

Ce rêve c’est la paix.

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« Je voudrais prendre la mer dans tes bras Avec comme seule doctrine la paix…  »

Illustration : © décembre 2023, BR (Peinture numérique, certaines parties d’image ont été générées par IA)

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Un Automne en Poésie… Saison 13… Aujourd’hui le poème de Clara D.

Il existe beaucoup de manières de déclarer : déclaration des revenus, déclarations d’intention, d éclarations d’amour, Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789 , Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges, Déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948, Déclaration des Droits de l’enfant du 20 novembre 1959, déclarations d’amitié… On peut déclarer sa flamme ou déclarer la guerre…

Découvrez aujourd’hui le poème de Clara D.  (Classe de 1 ère STMG4) Prochaine publication, lundi 18 décembre : Elsa C.

Passé désassemblé

par Clara D. Classe de Première STMG4

Quand j’pense à ces gens qui m’ont rabaissée À comment j’aurais dû me relever pour Peut-être faire face et m’y opposer Dans le ciel noirci de mes regrets J’ai mordu la poussière avec mes mots : Résilience, vulgarité et vérité

J’étais sous cette pression qui m’empêchait d’avancer Face blême, en détention Dans la prison de mes années Et au final j’me dis que le monde m’a quand même bien bais… J’ai trébuché sur des étoiles À chaque interaction j’étais en stress

Sur les murs je taguais ma détresse Face à la méchanceté des hommes qui me poignardaient Ça sortait du feuillage de mes tresses Des « T’as pas de droits », mais j’ai crié : « Résilience, vulgarité et vérité » Je suffoquais dans l’obscurité de mes paroles Je tremblais face à la société et ses rôles

J’avoue : c’que j’dis c’est violent vu sous cet angle droit Mais n’oublie pas : c’est pas incohérent C’est infini comme chaque grain de sable du monde C’est la force de mes mots qui te choque ? Ou les vulgarités qui font « toc » dans ton esprit ? J’dis ce que j’ai sur le cœur

C’est enfoui dans la prison de mes années Des rêves sortent de mon cœur Et mes larmes viennent s’échouer sur les trottoirs du soir J’cache mes pleurs et mes putains d’crises Dans le fond de mes poches : C’est ici que commencent les revendications, les manifestations, les révolutions.

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Illustration : BR, 2023 (dans le style de Banksy)

Un Automne en Poésie… Saison 13… Aujourd’hui le poème de Yanis, Muslum et Youssef

Déclarations 6 décembre 2023 – 28 décembre 2023

Découvrez aujourd’hui le poème de Yanis E. A., Muslum A. et Youssef T. (Classe de 1 ère STMG4) Prochaine publication, vendredi 15 décembre : Clara D.

Mais quand va s’arrêter la guerre ?

par Yanis E. A., Muslum A. et Youssef T. Classe de Première STMG4

Peuples en souffrance Des larmes dans les yeux des enfants Des armes braquées sur les populations Peuples sans défense qui tombent comme le soir Des multitudes qui pleuvent.

Des vies en extinction, la guerre en extension Des bombardements à foison jusqu’au fond des abris Jusqu’au fond des maisons Sous la lumière de la guerre Jusqu’au fond des rêves.

Une population en panique constamment Des centaines de victimes en long vêtements de deuil Les oiseaux là-bas ont dispersé leurs cendres avec le vent Des cris et des explosions qui résonnent dans ma tête Mais quand va s’arrêter la guerre ?

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« Des vies en extinction, la guerre en extension Des bombardements à foison jusqu’au fond des abris Jusqu’au fond des maisons…  »

Illustration : © décembre 2023, Bruno Rigolt (photomontage, peinture numérique)

Un Automne en Poésie… Saison 13… Aujourd’hui le poème de Dieynaba S., Emilie Q. et Lucille M.

Découvrez aujourd’hui le poème de Dieynaba S., Emilie Q. et Lucille M . (Classe de 1 ère STMG4) Prochaine publication, lundi 11 décembre : Yanis, Muslum et Youssef

Souffle de vie

par Dieynaba S., Emilie Q. et Lucille M. Classe de Première STMG4

Les ombres naissent et demeurent libres et égales à la mémoire du monde Là-bas, les vents d’automne résonnent La géographie m’oriente sur le monde Là-bas, les colombes d’hiver fredonnent Une chanson d’enfants tombés dans le soir.

Les bombes naissent et demeurent libres et égales à la terreur du monde Là-bas, les guerres s’élèvent au loin Le destin est vide comme les larmes Mon cœur est froid comme un vent d’hiver Mes sentiments brûlent comme les flammes d’un feu ardent

Les blessures naissent et demeurent libres et égales aux douleurs du monde Même nos sourires ont l’air malheureux La réalité est un beau mensonge La vérité est une souffrance à accepter Une lueur d’espoir m’éclaire comme une étoile

Les vagues naissent et demeurent libres et égales à la beauté du monde La mer est un long poème La mer est grise comme un jour de pluie Le soleil rend la mer étincelante Une bougie peut illuminer la nuit

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« Les ombres naissent et demeurent libres et égales à la mémoire du monde Là-bas, les vents d’automne résonnent La géographie m’oriente sur le monde…  »

Illustration : © 2023, BR (Peinture numérique. Le visage et certaines parties de l’image ont été générés par IA)

Un Automne en Poésie… Saison 13… Aujourd’hui le poème de Jessica D. S.

Découvrez aujourd’hui le poème de Jessica D. S . (Classe de 1 ère STMG4) Prochaine publication, vendredi 8 décembre : Dieynaba, Emilie et Lucille.

Sous le ciel d’azur, le Portugal s’éveille

par Jessica D. A. Classe de Première STMG4

Je ne désire plus que le Portugal Sous ton soleil tout s’épanouit, sous ta face profonde Je m’allonge dans un rêve Sous tes plages dorées, l’Atlantique applaudit.

Je lève mon regard au ciel et voici que Lisbonne se dévoile Avec une grâce infinie, Ses ruelles pavées chantent une mélodie de mer et de vent Qui emporte mon âme dans le soir.

Ô Portugal, pays d’histoire et de culture Qui jamais ne me lasse, Je prends la mer dans tes bras Je revois les collines de l’Algarve, les oliviers en cascade

Et le vin de Porto, doux nectar sur nos lèvres, Coule dans mon verre en multitude d’étoiles Comme des battements de larmes. Ô Portugal, tu es un trésor, un pays que l’on rêve.

Sous le ciel d’azur, le Portugal s’éveille, Estrela scintillante, douce merveille. Sur ses plages dorées, l’Atlantique s’étend, La saudade murmure, un écho émouvant.

Dans les ruelles de Lisbonne, une danse légère, L’ Estrela veille, témoin solennel de la mer. Le fado , mélancolie aux doux accents, Traverse les collines, s’épanche en sentiments…

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« Sous le ciel d’azur, le Portugal s’éveille, Estrela scintillante, douce merveille…  »

Illustration : Lisbonne en été, un soir. © 2023, BR (photographie modifiée umériquement)

Un Automne en Poésie revient bientôt !

Bientôt… “un automne en poésie” saison 13.

Les élèves de 1 ère STMG4 du Lycée en Forêt (Montargis) sont fiers de vous annoncer l’édition 2023-2024 d’ “Un Automne en Poésie”, manifestation d’art qui entend marquer de son empreinte la création littéraire lycéenne.

Près de 20 textes, tous inédits, seront publiés pour cette treizième édition intitulée : “ Déclarations »

Lancement de l’exposition : mercredi 6 décembre 2023

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“Déclarations”. M aquette graphique : Bruno Rigolt, © novembre 2023

Sujet + propositions de corrigé EAF séries technologiques 2023 Centres Etrangers Groupe 1 Contraction + essai : Olympe de Gouges

Sujet et corrigés Baccalauréat technologique [juin 2023 Centres Etrangers Groupe 1]

Œuvre : Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du « préambule » au « postambule »). Parcours : écrire et combattre pour l’égalité.

Contraction : Vous ferez la contraction de ce texte en 195 mots. Une tolérance de plus ou moins 10% est admise : les limites sont donc fixées à au moins 175 mots et au plus 215 mots. Vous placerez un repère dans votre travail tous les 50 mots et vous indiquerez à la fin de la contraction le nombre de mots qu’elle comporte.

Essai : « Une chambre à soi, c’est aussi une fenêtre vers l’ailleurs », écrit Lucie Azéma. A-t-on besoin d’intimité et de solitude pour s’engager dans un combat pour l’égalité ? Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du « préambule » au « postambule ») d’Olympe de Gouges, sur le texte de l’exercice de la contraction (texte de Lucie Azéma) et sur ceux que vous avez étudiés dans l’année dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

Texte : Lucie Azéma, Les femmes aussi sont du voyage , 2021.

___ J’aime l’imprévisible du voyage, le frisson du dépaysement, l’adrénaline qui nous envahit lorsque l’on se plonge dans des environnements dont on ne maîtrise ni la langue, ni la culture, ni le climat. Ou, du moins, j’aime les aimer, parce qu’ils font écho aux livres d’aventures que j’ai dévorés, aux rêves que j’ai nourris en parcourant de longues distances sur les mappemondes à l’aide de mon simple index. En réalité, par bien des aspects, je ne suis pas une voyageuse. La traversée me semble moins séduisante que l’amarrage 1 , j’aime les arrivées beaucoup plus que les départs. Je cherche le temps long, sa densité, sa profondeur – la complexité du réel, celle qui n’est accessible que si l’on reste. Le voyage exige de s’attarder, de prendre refuge : s’acclimater, apprendre la langue, s’entourer de fenêtres pour mieux les traverser – et ainsi accéder à une chambre à soi.

___ Le fait que les femmes aient traditionnellement été cantonnées à la sphère privée ne signifie pas qu’elles aient eu accès à une intimité – ni à elles-mêmes. Les interruptions constantes, liées aux obligations domestiques qui leur incombent, ainsi que leur dépendance financière, organisée par l’assignation 2 à un travail non rémunéré, ont longtemps empêché l’esprit de liberté, d’invention et de créativité des femmes de se déployer. En 1929, Virginia Woolf 3 livrait au monde la phrase qui deviendra la plus célèbre de toute son œuvre : « Il est indispensable qu’une femme possède quelque argent et une chambre à soi si elle veut écrire une œuvre de fiction ». L’écrivaine soulignait ainsi l’absolue nécessité pour les femmes d’accéder à une certaine intimité, matérialisée par une pièce « dont la porte est pourvue d’une serrure » et à la liberté d’esprit, rendue possible grâce à un minimum d’argent personnel.

___ Accéder à une chambre à soi permet d’appréhender l’intérieur, non plus comme le lieu de l’aliénation 4 des femmes, mais comme celui où elles peuvent s’atteindre. Un espace dans lequel elles aménagent une oasis de solitude consentie, retranchée du monde, où elles peuvent écrire, lire, dormir ; un lieu qui donne sa place au silence, leur permettant de se dérober temporairement au monde extérieur pour mieux l’assimiler. La chambre à soi est celle qui se referme sur l’imagination et la rêverie, sur ce que Gaston Bachelard appelle « l’immensité de l’intime ». Grâce au voyage et à la solitude qu’il offre, les femmes se réapproprient non seulement le dehors, mais aussi le dedans, car il crée un aller-retour de l’un vers l’autre, et lie ces deux espaces jusqu’à les confondre et n’en former plus qu’un : le territoire intime de la voyageuse.

___ Le monde est peuplé de chambres à soi : elles éclosent 5 à la vue quand le train ralentit ou lorsque l’avion se met à descendre lentement. Elles sont là, fourmillantes, comme autant de petits points lumineux qui forment la constellation de nos intimités – maisons temporaires, alvéoles 6 propices à laisser le temps se dilater et à vider des tasses de thé jusque tard dans la nuit. En voyage, la chambre à soi peut prendre la forme d’une auberge, d’une guest house, d’un ryokan japonais, d’une yourte kirghize, d’un bungalow dans la jungle, d’un caravansérail, d’un hôtel capsule, d’une cabine de bateau ou de train, etc. Certaines voyageuses se contentent de peu, d’une chambre vétuste 7 et de quelques éléments qui leur suffisent à créer un sentiment d’appartenance au lieu : « Assez de lumière pour écrire, un feu, une couverture en peau de mouton, du raki 8 – on n’a besoin de rien de plus ni de moins » écrit Schwarzenbach alors qu’elle séjourne à Konya, en Turquie. D’autres, au contraire, voient les choses en grand, comme Anne Brassey, qui, au XIXe siècle, transforma sa cabine de bateau en une véritable demeure flottante, ou bien à la manière d’Alexine Tinné, qui installait des campements gigantesques à chacune de ses étapes, et faisait transporter par ses domestiques une bibliothèque entière, un service à thé en porcelaine de Chine qu’elle aimait remplir de lait, un chevalet et des couleurs pour peindre.

___ Si chaque voyageuse a ses préférences concernant la chambre qui va lui servir de port d’attache, toutes ont en commun d’avoir consacré plusieurs pages à décrire le bonheur d’accéder à une chambre à soi à l’autre bout du monde. « Logé partout mais enfermé nulle part, telle est la devise du rêveur de demeures », écrit Bachelard. […] Une chambre à soi, c’est aussi une fenêtre vers l’ailleurs. (778 mots)

1. Amarrage : fait d’attacher un bateau à un quai ou une rive. 2. Assignation : ici, obligation de faire quelque chose. 3. Virginia Woolf : écrivaine britannique ; Gaston Bachelard, philosophe français ; Annemarie Schwarzenbach, écrivaine et aventurière suisse ; Annie Brassey, écrivaine et voyageuse anglaise ; Alexine Tinné, photographe et exploratrice néerlandaise. 4. Aliénation : ici, privation de liberté. 5. Éclosent : font leur apparition. 6. Alvéoles : ici, recoins, refuges. 7. Vétuste : qui est usée par le temps, qui n’est plus en bon état. 8. Raki : boisson consommée au Proche-Orient.

Corrigé de la contraction : mise en ligne dans les prochains jours.

ESSAI : RAPPEL DU SUJET

 « Une chambre à soi, c’est aussi une fenêtre vers l’ailleurs », écrit Lucie Azéma. A-t-on besoin d’intimité et de solitude pour s’engager dans un combat pour l’égalité ? Vous développerez de manière organisée votre réponse à cette question, en prenant appui sur la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne (du « préambule » au « postambule ») d’Olympe de Gouges, sur le texte de l’exercice de la contraction (texte de Lucie Azéma) et sur ceux que vous avez étudiés dans l’année dans le cadre de l’objet d’étude « La littérature d’idées du XVI e siècle au XVIII e siècle ». Vous pourrez aussi faire appel à vos lectures et à votre culture personnelle.

___ Dans Les Femmes sont aussi du voyage , essai publié en 2021, Lucie Azema dénonce la vision masculine de l’aventure : selon elle, le voyage est l’un des moyens les plus symboliques pour que les femmes s’affranchissent de leur condition. À ce titre, elle affirme : « Une chambre à soi, c’est aussi une fenêtre vers l’ailleurs ». De tels propos interrogent : a-t-on besoin d’intimité et de solitude pour s’engager dans un combat pour l’égalité ? Si, comme nous le verrons dans une première partie, la revendication de l’intimité est une condition essentielle dans le combat pour l’égalité, nous montrerons cependant en quoi écrire et combattre pour l’égalité nécessite l’engagement collectif.

___ L’intimité et la solitude peuvent jouer un rôle important lorsque l’on s’engage dans un combat pour l’égalité. ___ Tout d’abord, s’approprier un lieu pour soi, comme un territoire de liberté et d’autonomie, permet de prendre du recul, de réfléchir et d’explorer ses propres convictions et valeurs. Le repli sur soi correspondrait ainsi à une quête d’authenticité amenant à mieux comprendre les injustices et les inégalités. Dans Une chambre à soi , essai féministe écrit par Virginia Woolf en 1929, l’autrice insiste sur la nécessité pour les femmes d’avoir un espace personnel et une indépendance économique afin de pouvoir développer leur pensée et leur créativité face aux hommes. Woolf soutient que les femmes ont été historiquement exclues des opportunités et des ressources nécessaires pour se consacrer pleinement à l’écriture ou à d’autres formes d’expression artistique. Comme le rappelle l’autrice, « Il est indispensable qu’une femme possède quelque argent et une chambre à soi si elle veut écrire une œuvre de fiction ». De tels propos mettent en évidence l’importance d’avoir un espace physique et psychologique où les femmes peuvent se retirer du monde extérieur et se concentrer sur leurs propres pensées et expériences. ___ En outre, l’intimité et la solitude sont parfois nécessaires : combien de révoltés ont fait l’expérience de la solitude, et fait de cette solitude la source de leur combat ! Qu’elle soit subie ou volontaire, douloureuse ou sereine, la solitude permet l’affirmation du moi : Nelson Mandela est l’un des exemples les plus emblématiques du combat pour l’égalité, notamment pendant sa période de détention. Pendant 27 ans, Mandela a été emprisonné en raison de son rôle de leader dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Pendant sa captivité, il a utilisé son temps de solitude pour réfléchir, étudier et développer sa vision de l’égalité et de la justice. La solitude de sa cellule lui a offert un espace pour approfondir ses idées, renforcer sa détermination et cultiver son leadership. Il a également pu communiquer avec d’autres prisonniers politiques et militants, partageant des idées et des stratégies pour lutter contre l’oppression et promouvoir l’égalité. Loin des regards du public, Mandela a ainsi continué à être un symbole de résistance et d’espoir pour la population sud-africaine, ainsi que pour les citoyens du monde entier.  ___ L’expérience de la solitude prend donc une forte dimension politique : la conquête de la liberté naît alors d’un refus des règles sociales imposées. C’est ainsi qu’Olympe de Gouges, dans sa défense acharnée de l’égalité entre les hommes et les femmes et dans son désir de promouvoir une nouvelle forme, plus juste, de « contrat social », a été souvent amenée à faire de sa solitude une marque d’affranchissement et de prise de conscience identitaire. Toute son œuvre est en effet marquée du sceau de l’autonomie et de l’anticonformisme. Sa pièce de théâtre, Zamore et Mirza ou L’Heureux Naufrage , dont le propos est de dénoncer l’esclavage des Noirs n’a ainsi pratiquement jamais été représentée tant les propriétaires d’esclaves ont fait pression pour l’interdire. Seule contre tous, Olympe de Gouges a également dû s’opposer à nombre de révolutionnaires, notamment Robespierre et Marat, pour promouvoir ses idées féministes. La conquête de la liberté naît donc d’un refus des règles sociales. Mais à quel prix ? Ainsi, l’isolement est souvent un très grand risque et amène l’individu à se mettre en marge de la société.

___ Nous pouvons donc comprendre que l’engagement dans un combat pour l’égalité ne saurait se limiter à l’intimité et à la solitude. L’action collective, la solidarité et la collaboration avec d’autres personnes sont tout aussi cruciales pour promouvoir de réels changements sociaux.

___ L’action individuelle, comme nous venons de le voir, est souvent limitée dans ses moyens et son application. Le collectif au contraire permet une meilleure organisation des forces individuelles. ___ En premier lieu, l’implication dans une cause collective permet de repenser la citoyenneté et les rapports de pouvoir. La nécessité du collectif parcourt à ce titre toute l’œuvre d’Olympe de Gouges. Femme d’engagement et de conviction, ses appels à l’union et à la solidarité des femmes sont essentiels. Dans sa Déclaration , Olympe de Gouges ne lutte pas seulement pour les droits des femmes : elle les appelle aussi à s’éduquer contre les préjugés et à s’émanciper collectivement du sort dans lequel elles sont maintenues, afin d’en arriver à une nouvelle société plus juste, inspirée de la philosophie des Lumières : la lutte pour ces droits ne peut aboutir que si les femmes prennent conscience de leur déplorable sort et s’emparent de ces revendications afin de s’affranchir de la tutelle masculine. C’est ainsi que le postambule de la Déclaration élargit la destination du texte à l’ensemble des femmes : « Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir ». Les hommes eux-mêmes sont appelés à évoluer et à ne plus être de « serviles adorateurs rampant à [leurs] pieds ».  ___ Comme nous le comprenons, la lutte pour l’égalité réussit d’autant mieux que les gens sont unis afin de faire entendre leurs voix. Le mouvement MeToo en tant que manifestation internationale de solidarité et de prise de parole des femmes victimes d’agressions sexuelles ou de harcèlement a permis à cet égard un véritable élan universel. Lancé en 2017 en réaction aux révélations d’abus sexuels dans l’industrie du cinéma, il s’est rapidement répandu à travers le monde et a permis à de nombreuses femmes de partager leurs expériences et de dénoncer les comportements prédateurs. MeToo a eu ainsi un impact considérable en suscitant des débats sur le consentement, l’égalité des sexes et la culture du silence entourant les agressions sexuelles. En favorisant également de nouvelles formes de sociabilité politique, le mouvement a encouragé des changements profonds dans plusieurs secteurs comme l’industrie du divertissement, la politique, etc. Il a mis en évidence l’ampleur du problème et a ouvert la voie à des avancées essentielles sur les violences sexistes et la nécessité d’un changement culturel pour faire bouger les consciences et agir sur la vie publique. ___ Si la lutte pour l’égalité prend davantage d’importance quand elle est menée de manière collective, c’est enfin parce que s’associer, collaborer à un processus collectif, c’est passer d’un engagement militant personnel au soutien d’intérêts communautaires. En ce sens, le collectif façonne le lien social : la lutte contre les inégalités implique des actions nombreuses de sensibilisation, de mobilisation… Autant de luttes qui passent par le collectif et la force du groupe. Nous pourrions mentionner l’exemple de l’actrice Emma Watson, ambassadrice de bonne volonté à l’ONU. Dans un discours intitulé : « l’égalité des sexes est aussi votre problème ! » prononcé le 20 septembre 2014 à l’ONU dans le cadre de la campagne « HeForShe », mouvement mondial des Nations Unies pour l’égalité des sexes, Emma Waton interpelle les hommes en ces termes : « Messieurs, j’aimerais profiter de cette opportunité pour vous inviter formellement. L’égalité des sexes est aussi votre problème ». Comprenons qu’écrire et combattre pour l’égalité, plus qu’un engagement individuel, est surtout un engagement collectif. Par sa nature, l’humain est un être social : c’est en effet par le collectif qu’on peut transformer les normes sociétales et les stéréotypes qui perpétuent les inégalités, afin de promouvoir une société plus équitable et juste.

___ Au terme de ce travail, il apparaît que le combat pour l’égalité nous engage à la fois individuellement et collectivement. Si la lutte pour l’égalité a pour fondement l’individualisme, elle place souvent l’individu en conflit avec la société comme le prouve le destin tragique d’Olympe de Gouges. Dans un autre registre, la série de films Hunger Games montre bien la difficulté du combat de Katniss Everdeen, la célèbre héroïne de la tétralogie : à la fois proche des masses populaires par ses origines sociales, elle est un moteur de l’action collective. Mais sa conduite transgressive, dominée par un individualisme exacerbé, rend bien souvent inefficace son action individuelle : même en voulant agir pour la communauté, elle apparaît souvent comme une rebelle fragile et solitaire. Cela montre bien qu’en travaillant ensemble, les personnes engagées dans la lutte collective pour l’égalité peuvent partager leurs expériences, renforcer leur voix, accroître leur influence et exercer une pression plus efficace sur les institutions et les décideurs. Cette solidarité est essentielle pour promouvoir un changement réel et durable vers plus d’égalité et de justice sociale.

© BR, juin 2023

Entraînement à l’épreuve de Culture générale et expression du BTS. Sujet type : Imaginaires portuaires. CORRIGÉS

Bts 2023-2024 « invitation au voyage… » entraînement n°2 : synthèse + écriture personnelle → corrigés pour accéder au corpus, cliquez ici ..

Plan proposé

I) Les ports industriels sont des lieux qui attirent a) Ils inspirent la création artistique b) Même les ports les moins attrayants sont fascinants II) Les ports sont une invitation au voyage a) Ce sont des espaces à la fois clos et ouverts b) Ils donnent envie de s’évader et de tout quitter III) Les ports invitent à un déchiffrement symbolique a) Il y a une forte dimension spirituelle dans les ports b) Port et ressourcement personnel : le voyage comme révélation à soi-même.

____ Terres d’accueil ou lieux d’embarquement vers des destinations lointaines, les ports ont toujours suscité l’envie de voyager. Telle est l’inspiration de ce dossier composé de quatre documents parus entre la fin du XIX ème siècle et nos jours. ____ Le premier document est un tableau célèbre de Claude Monet intitulé « Impressions, soleil levant » (1872). Par son travail sur les couleurs et les effets de lumière, le peintre nous fait imaginer le port industriel du Havre, un matin d’hiver. Largement dominé par l’idéalisation du réel, le document 2 est un poème intitulé « Le port de Palerme » publié en 1913 par Anna de Noailles dans le recueil Les Vivants et les morts . Quant au document 3, il reprend de larges extraits d’un article de fond, « Le port, un seuil pour l’imaginaire : la perception des espaces portuaires » publié en 1992 dans le n°55-56 des Annales de la recherche urbaine . L’architecte Aude Mathé réfléchit en particulier aux interactions entre le port, la ville et la mer et la perception des espaces portuaires par les artistes. Le dernier document est extrait d’un récit de voyage intitulé Le Goût du large (2016). Le journaliste Nicolas Delesalle y relate son voyage d’Anvers à Istanbul à bord d’un cargo porte-conteneurs. Le passage présenté décrit les sensations éprouvées au moment où le navire quitte le port d’Anvers. ____ Nous étudierons à travers ces documents la fascination qu’exercent les ports industriels : non seulement ce sont des lieux qui attirent et inspirent la création artistique, mais ils sont également une invitation au voyage. Nous terminerons notre étude en montrant que le port, tel qu’il est perçu par les auteurs de ce corpus, devient matière à déchiffrement symbolique.

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____ En premier lieu, il ressort de ce corpus que le thème du port, particulièrement à partir de la Révolution industrielle, a constitué une puissante source d’attraction, notamment chez les artistes. ____ Comme le note Aude Mathé, la peinture et la poésie nous rendent sensibles à ce qui, d’ordinaire, nous laisse indifférents : de fait, tous les ports évoqués dans ce dossier sont des lieux industriels. Ainsi, la célèbre toile de Claude Monet, « Impression, soleil levant » nous décrit le paysage portuaire du Havre. Représentation artistique d’un monde bouleversé par la société industrielle, le tableau met l’accent sur la face laborieuse du Havre : les grues, les docks et les cheminées d’usines. Cette impression se retrouve également dans le poème d’Anna de Noailles : femme de la haute aristocratie, l’autrice s’attache pourtant à retranscrire l’atmosphère populaire et industrieuse du port de Palerme. Comme dans le tableau de Monet, ce parti-pris très réaliste et assez inhabituel en poésie s’oppose aux stéréotypes de l’art qui utilise généralement un cadre plus idyllique. ____ De plus, même les ports les plus inhospitaliers deviennent attirants car ils font surgir une multitude d’émotions et de sentiments. Anna de Noailles se plaît à décrire le vieux port « goudronné » dans toute sa pauvreté : l’autrice évoque ainsi son attirance pour la « rade noire et sa pauvre marine ». De même, Nicolas Delesalle décrit son départ du port d’Anvers à bord d’un cargo, loin du confort des croisières : au contraire, le journaliste ancre sa description dans une topographie maritime et portuaire, comme pour mieux percevoir des sensations nouvelles : les nombreux effets de réel renforcent le sentiment de dépaysement qui assaille le journaliste. Comme le fait remarquer Aude Mathé, si les ports attirent tant, c’est qu’ils parlent aux sens et à l’imaginaire. Nous retrouvons tout à fait cette impression dans le poème d’Anna de Noailles ou dans le tableau de Claude Monet qui fait surgir, au-delà du ciel pollué par l’activité industrielle et par la marine marchande, un lieu qui semble sortir de la réalité : les lignes de fuite du tableau nous plongent en effet en pleine rêverie.

____ Le deuxième aspect qui ressort de ce corpus est que les ports sont une invitation au voyage. ____ Selon Aude Mathé, le port a la particularité d’être un lieu d’échange entre ville et mer, espace à la fois clos et ouvert sur l’infini, protecteur et propice au dépaysement. Selon l’autrice, c’est ce mélange de clôture et d’expansion qui fait toute la valeur symbolique du port. Le tableau de Monet illustre parfaitement cette analyse : le peintre a accentué la vue sur le bassin du port du Havre, mais en même temps par touches impressionnistes, il nous invite au dépaysement : toute la toile baigne en effet dans une douce harmonie où se mêlent le gris-bleuté, l’oranger, le rose pâle créant un monde apaisé, propice à l’évasion. Pareillement, si à première vue le poème d’Anna de Noailles est une sorte de carte postale pittoresque centrée sur les activités manufacturières et marchandes quotidiennes, progressivement, le texte nous invite vers un au-delà de la réalité concrète : le réalisme laisse place au thème du voyage. Il n’est guère étonnant également que tous les termes techniques qui jalonnent le récit de Nicolas Delesalle nous fassent progressivement basculer du côté du dépaysement et de l’ailleurs. ____ Comme le montre très bien le dossier, la particularité du port, c’est qu’il est en soi déjà voyage : sorte de passeport pour le rêve, le port donne envie de tout quitter sans forcément bouger. Ce paradoxe est longuement analysé par Aude Mathé : selon elle, on peut s’évader en imagination rien qu’en regardant les activités portuaires ou en admirant les bateaux dont les noms évoquent des destinations lointaines. Cette impression se retrouve dans le poème d’Anna de Noailles qui se laisse aller à l’évocation des « vaisseaux délabrés » : c’est en effet à travers leur contemplation que commence l’évasion vers l’imaginaire. Le port apparaît ainsi comme une sorte de voyage immobile. Aude Mathé explique cette attirance des artistes par un besoin d’idéalisation du réel. Qu’il s’agisse du Havre, de Palerme ou d’Anvers, le réel cède sa place à un ailleurs virtuel et fantasmé, porteur de rêves et d’aventure : la description des bateaux, des bâtiments et des quais est comme une invitation au voyage selon un axe allant du concret à l’immatériel.

____ Enfin, les ports industriels invitent à un voyage qui est surtout un voyage spirituel. ____ Tout d’abord, ainsi que le remarque Aude Mathé à partir d’une citation de Joseph Conrad, le port témoigne d’une forte dimension symbolique qui apparaît comme une métaphore de la quête de la pureté. Prélude à une sorte de ressourcement spirituel, le voyage entrepris par Nicolas Delesalle apparaît ainsi comme une échappatoire au monde consumériste pour rechercher seulement « l’océan, le silence et le vent… l’horizon infini ». Pareillement, il ne faut pas regarder le tableau de Claude Monet comme une simple peinture d’un lieu industriel : toute l’organisation de la toile invite à la transfiguration du réel et l’idéalisation du banal. Cette impression est plus nette encore dans le poème d’Anna de Noailles où de simples citernes deviennent des « citernes du rêve » : par cet oxymore, l’autrice passe de la dimension réaliste à la dimension onirique, sorte d’alchimie poétique qui transfigure l’univers le plus matériel en univers spirituel. ____ En outre, t ous les textes mettent l’accent sur le voyage comme révélation à soi-même. Aude Mathé note le déchiffrement spirituel qui est à la base de la symbolique portuaire. De même, chez Anna de Noailles, le port invite à une forte dimension de ressourcement intime. Plus qu’un lieu, c’est un moment de départ et d’accomplissement « ineffable » permettant de goûter une plénitude intérieure. La description réaliste du port de Palerme, par une idéalisation et une allégorie du concret, s’est donc transformée peu à peu en un univers imaginaire, qui est celui du rêve, mais plus fondamentalement, en une quête existentielle. Nicolas Delesalle évoque également son besoin de renaissance à travers une expression frappante : « je vais bientôt naître à la mer », qui signifie tout à la fois le ressourcement spirituel et la célébration d’une quête du sens. La description du port s’élargit ainsi à la construction d’un paysage métaphysique qui doit amener à une nouvelle naissance grâce à la mer.

____ Pour conclure, le corpus que nous avons synthétisé invite à interroger à travers la symbolique du port le sens du voyage dans le monde moderne. Entre réel, imaginaire et symbolique, les ports apparaissent bien comme des lieux de passage de l’espace urbain vers des horizons lointains. En définitive, comme le suggère Aude Mathé, le voyage imaginaire que l’on rêve en regardant les bateaux dans le port ne serait-il pas supérieur au voyage que l’on pourrait faire réellement ?

© Bruno Rigolt, février 2023.

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BTS 2023-2024. Migrants, exilés, réfugiés : de l’invitation au voyage à l’errance

Entraînement n°3 Thème au programme : Invitation au voyage Sujet complet conforme au BTS

Migrants, exilés, réfugiés : de l’invitation au voyage à l’errance

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___ Les progrès des modes de locomotion depuis la Révolution industrielle ont mis le voyage à la portée de tous. Les chemins de fer, les grands paquebots, l’aviation ont ainsi entraîné des expériences inédites du voyage. Pourtant, à côté de cette dimension artistique et touristique marquée par le dépaysement et le désir d’aventure, le voyage a pris, particulièrement à partir de la deuxième moitié du XX ème siècle, un caractère nouveau.

___ Le recours à l’immigration massive, liée aux nécessités du développement économique, l’appel à la main d’œuvre étrangère, la destruction des équilibres traditionnels et la question du droit d’asile entraînent, particulièrement en ce début du XXI ème siècle, un nouveau rapport à la frontière et au territoire. Chassés par la tragédie des guerres et de la misère, des milliers de réfugiés et de demandeurs d’asile entreprennent le voyage vers l’Europe pour obtenir aide et protection.

___ Migrations, exils, errances : par leur ampleur et leur durée, ces flux migratoires en provenance du Moyen-Orient et des pays subsahariens bouleversent et inquiètent : les récits de voyage entrepris au XIX ème siècle ont laissé place à une réalité dramatique qui fait la Une de l’actualité : tel est l’enjeu de ce corpus, centré sur les rapports entre voyage, immigration et clandestinité ; entre déracinement, nostalgie du pays natal et quête d’un impossible Eldorado…

♦ Synthèse : Vous réaliserez une synthèse concise, ordonnée et objective des documents suivants :

  • Document 1 : Marguerite Yourcenar, « Gares d’émigrants : Italie du sud », 1934
  • Document 2 : Laurent Gaudé, Eldorado , 2006
  • Document 3 : Valérie de Graffenried, « Voyage avec des migrants », Le Temps , 23 janvier 2015
  • Document 4 : Nash Paresh, « Human trafficking », 2015

♦ Écriture personnelle (sujet au choix) :

  • Dans quelle mesure notre expérience du voyage change-t-elle notre représentation du monde ?
  • Selon vous, quel rôle joue le voyage dans la connaissance de l’autre ?

Vous répondrez d’une façon argumentée en vous appuyant sur les documents du corpus, vos lectures de l’année et vos connaissances personnelles.

Document 1 : Marguerite Yourcenar, « Gares d’émigrants : Italie du sud », 1934.

Gares d’émigrants : Italie du sud

Entre les ballots mis en tas, Longs hélements appels d'une voix forte , sanglots, bagarres ; Emigrants, fuyards, apostats apostat : celui qui trahit une cause, un parti. Ici le mot désigne ceux qui, étant émigrés, semblent avoir renié leur pays d'origine et sont abandonnés de toute part. , Sans patrie entre les états ; Rails qui se brouillent et s’égarent.

Buffet : trop cher pour y manger ; Brume sale sur la portière ; Attendre, obéir, se ranger ; Douaniers ; à quoi sert la frontière ? Chaque riche a la terre entière ; Tout misérable est étranger.

Masques salis que les pleurs lavent, Trop las pour être révoltés ; Etirement des faces hâves hâve : amaigri, blafard, maladif et pâle. ; Le travail pèse ; ils sont bâtés bâté : qui porte un bât, c'est-à-dire un dispositif que l'on attache sur le dos de certaines bêtes de somme pour leur faire porter une charge. Ici, les réfugiés sont comparés à des animaux qu'on aurait bâtés. ; Le vent disperse ; ils sont jetés. Ce soir la cendre. À quand les laves ?

Tantôt l’hiver, tantôt l’été ; Froid, soleil, double violence ; L’accablé, l’amer, l’hébété ; Ici plainte et plus loin silence ; Les deux plateaux d’une balance. Et pour fléau la pauvreté.

Express, lourds, sectionnant l’espace, Le fer, le feu, l’eau, les charbons Traînent dans la nuit des wagons Des dormeurs de première classe. Ils bondissent, les vagabonds. Peur, stupeur ; le rapide passe.

Bétail fourbu, corps épuisés, Blocs somnolents que la mort rase, Ils se signent 'ils se signent' : ils font le signe de croix. , terrorisés. Cri, juron, œil fou qui s’embrase ; Ils redoutent qu’on les écrase, Eux, les éternels écrasés.

Marguerite Yourcenar, 1934.  Les Charités d’Alcippe , Gallimard NRF, 1956, 1984. 

  • Document 2 : Laurent Gaudé, Eldorado , 2006.

Laurent Gaudé (né en 1972) raconte dans Eldorado (Prix des lycéens de l’Euregio 2010) l’épopée dramatique de migrants africains épris de paix et de liberté qui rêvent de meilleures conditions de vie en Europe. Dans ce passage, Soleiman et Jamal, deux frères soudanais, font route vers la Libye afin de tenter la traversée pour l’Europe…

[Actes Sud, 2006, « J’ai lu », p. 88-91. De : « Dans ce paysage que nous ne connaissions pas », p. 88 à « Elles blessent toutes », p. 91]

____ Dans ce paysage que nous ne connaissions pas, le guide nous mène jusqu’à une route. Une voiture nous y attend. J’aurais voulu qu’elle ne soit pas là. J’aurais voulu qu’il faille marcher pendant des heures, des jours même, pour parvenir à l’atteindre. Mais elle est là.

____ Notre guide a salué le conducteur. Mon frère s’approche. Il parle à l’homme. Je n’entends pas ce qu’ils disent mais je vois mon frère sortir de l’argent et le lui tendre. C’est mon passage qu’il paie. Cet argent qu’il donne est celui qui lui manquera pour s’acheter des médicaments. Je voudrais lui crier de reprendre les billets mais je ne le fais pas. Je suis épuisé. C’est comme un peu de sa vie qu’il donne à cet homme. Il se condamne à la dou leur pour moi. ·

____ Je sais que maintenant les choses vont aller très vite. C’est ce que veut Jamal. Que je sois happé par le rythme du voyage. Le conducteur va vouloir que j monte et il démarrera sans attendre. Je veux un peu de temps. Je repense au thé que nous avons bu chez Fayçal. Je croyais que nous faisions nos adieux à la ville mais Jamal savait, lui, qu’il reviendrait. C’est à moi qu’il disait adieu. Cette tristesse dans ses yeux, c’était celle d’avoir à quitter son frère.

____ Notre guide vient me saluer. Il me recommande à Dieu et ajoute, avant de faire trois pas en arrière : « Si tout va bien, tu seras à Al-Zuwarah dans deux jours. » Je regarde mon frère. Je suis perdu. ____ — Où est-ce que je vais, Jamal ? ____ Je ne sais même pas où je pars. Il voit mon trouble. Alors, encore une fois, il s’approche de moi et m’entoure de son calme. Il m’explique qu’il a payé pour tout, que je n’ai plus à me soucier de rien, simplement me concentrer sur mes forces et aller jusqu’au bout. La voiture m’emmène à Al-Zuwarah, sur la côte libyenne. Elle me déposera dans un appartement où les passeurs viendront me cher¬cher. Je paierai la deuxième moitié à ce moment-là, pour la traversée. Jamal parle lentement. Il a tout calculé. Tout prévu. Il me demande si j’ai bien compris. Je ne parviens pas à penser que je vois mon frère pour la dernière fois. La tête me tourne. J’ai besoin d’appui. […] Je me remplis de lui pour ne jamais oublier le visage qu’il a à cet instant.

____ Je monte à l’arrière de la voiture qui démarre d’un coup, Jamal et le guide me font signe, un temps, de la main, puis me tournent le dos et reprennent leur marche en sens inverse. Je suis loin de chez moi. Cette voiture poussiéreuse m’arrache à ma vie. Ce sera ainsi désormais. Je vais devoir faire confiance à des gens que je ne connais pas. Je ne suis plus qu’une ombre. Juste une ombre qui laisse derrière elle un petit filet de poussière.

____ Nous roulons sans cesse. De jour comme de nuit. Toujours vers la mer. Je me perds dans des terres que je ne connais pas. J’imagine Jamal en train de faire la route dans l’autre sens. li repasse la frontière, sans joie cette fois, sans embrassade, retrouvant sa vie laide d’autrefois. Comme une bête qui, après s’être échappée, retourne de son propre chef à l’étable.

____ Je me suis trompé. Aucune frontière n’est facile à franchir. Il faut forcément abandonner quelque chose derrière soi. Nous avons cru pouvoir passer sans sentir la moindre difficulté, mais il faut s’arracher la peau pour quitter son pays. Et qu’il n’y ait ni fils barbelés ni poste frontière n’y change rien. J’ai laissé mon frère derrière moi, comme une chaussure que l’on perd dans la course. Aucune frontière ne vous laisse passer sereinement. Elles blessent toutes.

Laurent Gaudé, Eldorado , Actes Sud, 2006, « J’ai lu », p. 88-91. Edition numérique : https://www.google.fr/books/edition/Eldorado/C_QJL_AA3OwC?hl=fr&gbpv=1&dq=Laurent+Gaud%C3%A9+Eldorado&printsec=frontcover

Document 3 : Valérie de Graffenried, « Voyage avec des migrants », Le Temps *, 23 janvier 2015. https://www.letemps.ch/voyage-clandestins-syriens-echoues-europe * Le Temps est un quotidien suisse édité à Genève.

[…] Gagner l’Allemagne, c’est le vœu de Tariq. Mais pas seul : il voyage avec son bout de chou de neuf ans, Maher, qui trotte menu derrière lui malgré les dangers, le froid et la précarité. Ensemble, ils ont quitté la Syrie il y a plus de deux mois et ont rallié d’autres réfugiés syriens, migrants clandestins, qui tous veulent rejoindre le nord de l’Europe, par n’importe quel moyen.

Après l’enfer de la guerre, ils sont tombés aux mains de trafiquants sans scrupules qui les ont entassés à fond de cale pour traverser la Méditerranée, ont été secourus par les garde-côtes italiens, placés dans des camps de fortune, puis ils ont repris leur progression obstinée vers le nord, en s’arrêtant à Milan, le passage obligé vers lequel toutes les routes, légales et illégales, convergent. […] Deux ou trois volontaires, selon l’heure, accueillent, conseillent et orientent les exilés syriens. Chaque matin, ils disposent une table à l’entresol du hall central […]. Les Syriens ne manquent pas d’arriver, petit à petit en fin de matinée, pour ce qui est devenu le rendez-vous informel des clandestins. […] Tariq et Samir ont déboursé 6000 dollars chacun pour traverser la Méditerranée. Ils sont désormais à sec. Trois jours plus tôt, ils ont payé 400 dollars la place à un passeur pour qu’il les conduise en voiture jusqu’à Munich. «Tout était réglé, nous devions payer une partie au départ, le solde à l’arrivée.» Les détails sont arrangés par un compatriote syrien, un intermédiaire. Le conducteur, un Égyptien résidant en Allemagne, les pousse dans son minibus. « Après huit heures de route, il nous a débarqués précisant que nous étions à Munich », raconte Tariq. Ils étaient en fait retournés à la case départ, la gare de Milan.

En plus de Tariq et d’Afran, quatre autres passagers avaient pris place à bord du van. Tous ont été floués. Aucun des pigeons n’osera porter plainte, explique Tariq: « Que dire au commissariat ? Que j’essayais de passer illégalement en Allemagne ? Je dois récupérer mon argent pour continuer le voyage ! » Tariq n’a pas perdu espoir, il reste en contact téléphonique avec son voleur qui, jour après jour, lui promet de le rembourser. […] La nuit est tombée depuis longtemps, mais ce n’est encore que le début de la soirée. Pour Tariq, Afran, Samir, Moncef, Abou Leyla et Maher, c’est l’heure du couvre-feu : ils logent dans un centre d’hébergement d’urgence situé en périphérie et doivent rentrer avant 20 heures. Le trajet prend une heure. Dans la zone industrielle où se trouve l’abri, via Corelli, le paysage devient gris et l’éclairage public anémique. Le centre se trouve derrière murs et grillages, en contrebas d’une bretelle d’autoroute. « Il y a une majorité de Syriens», explique le directeur: « Ils se répartissent dans six centres, dont celui-ci. En automne, il y en avait quatre de plus. Les réfugiés ne restent pas longtemps. Ils filent rapidement vers d’autres cieux.»

L’Italie ne figure pas au rang des pays d’accueil que choisissent, quand ils le peuvent, les réfugiés, commente Samir: « Il n’y a rien pour nous ici. Pas de travail, ni de perspectives. Les Italiens ne veulent pas de Syriens chez eux. En revanche, en Allemagne, en Suède et en Norvège, c’est facile d’obtenir un permis de résidence. En Suède, tu reçois même de l’argent.» Abdallah tient cela de contacts, cousins et amis, qui ont fait le voyage avant lui. Il a fait son choix: Stockholm. Est-il sûr de l’accueil qui lui sera réservé ? « Après ce qu’on a traversé, tout semblera doux comme du miel. En plus, j’ai de la famille là- bas. »

Le lendemain, un mercredi, dès le matin les trafics s’organisent à la gare de Milan. A l’entrée, un rabatteur a réuni une demi-douzaine de candidats au voyage, probablement aussi des Syriens. Le Tunisien rencontré la veille apparaît et récolte discrètement des billets de banque, un rendez-vous est pris. Malgré les filouteries, la voiture est réputée plus sûre que le train où les contrôles des douaniers sont de plus en plus stricts.

Le petit groupe de migrants avec quelques sacs pour tout bagage est ramené vers une salle d’attente à l’intérieur. La pièce est chauffée, mais l’odeur d’urine et de relents d’alcool infâme. Une heure d’attente avant qu’un comparse ne rapplique pour prendre en charge la troupe, qui quitte les abords de la gare en faisant de prudents détours puis disparaît dans un immeuble.

Retour à la gare. Tariq, que nous avons quitté la veille, arrive le premier, vers midi. Il a veillé une partie de la nuit, pour imaginer une solution, en vain: il est tributaire d’un virement hypothétique. Samir suit, il veut partir au plus vite, et pourrait avancer une partie de l’argent du voyage à Tariq et à Afran, qui refusent d’abord. Sur les bancs de marbre de l’entresol, la discussion bat son plein. L’impatience et la peur alternent : partir ou attendre encore ? Afran et Tariq penchent pour différer le départ, Samir et Abou Leyla ont tranché, ils partent. Moncef ne sait pas. […]

  • Document 4 : Nath Paresh*, « Human trafficking »** (2015). 

* Nath Paresh est un dessinateur travaillant pour le quotidien Khaleej Times , publié en anglais à Dubaï et aux Emirats Arabes Unis depuis 2005. Il a également dessiné dans le  Herald Tribune en Inde de 1990 à 2005. Il a remporté le prix de l’ONU en 2000 et 2001. Ses dessins sont publiés dans diverses publications internationales à travers le monde : le New York Times, International Herald Tribune (Paris ), Los Angeles Times, World Press Review, The Guardian, Ouest France, Time, Courrier International… 

** Traite d’êtres humains. « Reach Europe at a low price » : « Rejoignez l’Europe à faible coût ».

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Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Clémence G.

Rêv élation 14 novembre 2022 – 17 décembre 2022

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« Rêves et Révélation » maquette graphique : Bruno Rigolt, © octobre 2022 (Peinture numérique et Photomontage à partir de Bansky (2005).

Les élèves de Première G7 et de Première STMG3 du Lycée en Forêt (Montargis) sont fiers de vous présenter la douzième saison de l’exposition « Un Automne en Poésie », manifestation d’art qui entend marquer de son empreinte la création littéraire lycéenne.

Les créations artistiques des élèves seront publiées du lundi 14 novembre 2022 au samedi 17 décembre 2022.

Rêv élation ou la transmutation du visible vers l’invisible…

La thématique retenue pour cet atelier d’écriture invite à entrer dans les coulisses de la fabrication poétique. Parce qu’elle est associée au Ciel, c’est-à-dire à un processus de révélation, la poésie est l’art de la transmutation de la boue en or grâce au pouvoir des mots : au sein de leurs œuvres, et dans le sillage des Fleurs du Mal de Baudelaire, les élèves ont cherché à réenchanter et à réinventer le monde pour le rendre plus idéal… Ainsi comprise, la poésie devient quête spirituelle par laquelle s’opère la métamorphose de la boue en or, du banal vers l’extraordinaire, du visible vers l’invisible…

Plusieurs textes seront publiés chaque semaine, dans l’Espace Pédagogique Contributif jusqu’au 17 décembre 2022 (dernière livraison).

Découvrez aujourd’hui le poème de Clémence G. (Classe de 1 ère G7) Lundi 5 décembre : Manoa T. (Classe de 1 ère G7)

par Clémence G. Classe de Première G7

              

De mes doigts de sable, je dessine le calme De ton paysage mêlé à l’horizon. Ici, là-bas, les libres frégates flottent dans les nuages.

La clarté du crépuscule jaillit des cieux éblouissants De tes yeux ; les dernières étincelles de l’étoile enflammée Ont colorié les nuées. Je viens toucher le soir de mes mains.

Martinique, je ne peux m’empêcher de penser à toi Ô, éternel paysage des îles comme autant de voyages gravés dans mon cœur Tous ces instants passés échoués dans le bleu de mes larmes…

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« Martinique, je ne peux m’empêcher de penser à toi Ô, éternel paysage des îles comme autant de voyages gravés dans mon cœur… »

Illustration : © Clémence G., décembre 2022.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Manoa T.

Découvrez aujourd’hui le poème de Manoa T. (Classe de 1 ère G7) Dimanche 4 décembre : Voldie N. (Classe de 1 ère G7) Mercredi 7 décembre : Clémence G. (Classe de 1 ère G7)

Lumière acquise avec le temps

par Manoa T. Classe de Première G7

Un vieil arbre seul, sa face livide voyant le soir Rêvant des jours glorieux qu’il vivait… Un vieil arbre seul parmi les graviers et la pierraille, Ses branches noueuses, les rides de son écorce Cachant l’âge des mauvaises herbes pures.

Un vieil homme seul, porteur de savoir et d’expérience Abandonné aux profondeurs du soir… Un vieil homme seul débordant de la sagesse du temps, Ses mains noueuses touchant la pierre, Ses mains qui saignent.

J’avance vers vous, dans la lumière acquise avec le vent Ma marche sera complète lorsque j’aurai touché vos rides Elles portent l’histoire du monde, de la Terre et du Ciel ! Et ma jeunesse a fait de vous des génies vivants. J’avance vers vous dans la lumière acquise avec le temps…

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« Un vieil arbre seul, sa face livide voyant le soir Rêvant des jours glorieux qu’il vivait… »

Illustration : © Bruno Rigolt, décembre 2022.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Voldie N.

Découvrez aujourd’hui le poème de Voldie N. (Classe de 1 ère G7) Samedi 3 décembre : Loïs O.-N. (Classe de 1 ère STMG3) Lundi 5 décembre : Manoa T. (Classe de 1 ère G7)

Mon chemin c’est la mer

par Voldie N. Classe de Première G7

Quand au matin apparaît l’aube L’espoir renaît autour du globe Comme érigé par le vent Il nous a toujours mené vers l’avant.

J’ai fait le rêve d’un monde meilleur Où la tristesse tombe Et se noie au fond des océans Emportant avec elle nos peines et nos douleurs.

Le vent rude qui souffle sur l’azur Nous apporte le calme et nous rassure Souffle et balaie les nuages obscurs Et ne perdure que la lumière qu’il nous procure.

Non, mon chemin n’est pas un simple chemin Je m’y dirige comme tirée par la main Mon chemin c’est la mer J’aime la mer. La mer comme une mémoire de voyage…

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« Mon chemin c’est la mer J’aime la mer. La mer comme une mémoire de voyage… »

Illustration : Voldie N., 2022

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Loïs O.-N.

Découvrez aujourd’hui le poème de Loïs O.-N. (Classe de 1 ère STMG3) Vendredi 2 décembre : Enzo R. (Classe de 1 ère STMG3) Dimanche 4 décembre : Voldie N. (Classe de 1 ère G7)

par Loïs O.-N. Classe de Première STMG3

Viennent les ténèbres Et avec elles, le crépuscule vient Armé de sa faux, mettre fin à mes jours d’été. L’astre de ma vie, englouti par l’horizon, Provoque autour de moi folie et chaos.

Pourquoi le chagrin s’empare-t-il de ceux Qui voient les dernières lueurs de leur vie Disparaitre derrière l’horizon infini ? Ils pleurent, ils hurlent, Comme des loups à la Lune, leur mort inévitable.

Dans le champ de blé infini de la vie, Au lieu de courir, de sauter et de rire, Ils se lamentent sur leur triste existence. Ainsi, seulement quand la Lune apparait, Ils trouvent enfin la Paix.

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« Viennent les ténèbres Et avec elles, le crépuscule vient Armé de sa faux, mettre fin à mes jours d’été… »

Illustration : 

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème d’Enzo R.

Découvrez aujourd’hui le poème d’Enzo R. (Classe de 1 ère STMG3) Jeudi 1 er décembre : Michelle T. (Classe de 1 ère G7) Samedi 3 décembre : Loïs O.-N. (Classe de 1 ère STMG3)

Dans le crépuscule pâle

par Enzo R. Classe de Première STMG3

Sorti de nulle part, Le bus s’est arrêté comme à chaque disparition de lune Chose banale De tous les jours, comme d’habitude Dans le crépuscule pâle C’est étrange : silence intérieur, ni mots ni sons, Seul le bruit des pneus qui crissent sur l’asphalte. J’ai vu les stations défiler. Je voulais voir la fin, mais la foule me retenait. (Sont-ils aussi vides que moi ?) L’habitude est ma muse, J’ai sorti mon stylo, mais il était comme mon cœur : vide En un long cauchemar la page reste blanche, Rien n’est sorti, le stylo était sec, Comme en un cauchemar la page reste blanche, J’étais paralysé, les mains gelées dans mes manches… Le terminus arrive.

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« Comme en un cauchemar la page reste blanche, J’étais paralysé, les mains gelées dans mes manches… Le terminus arrive… »

Illustration choisie par Enzo.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Michelle T.

Découvrez aujourd’hui le poème de Michelle T. (Classe de 1 ère G7) Mercredi 30 novembre : Luca M. (Classe de 1 ère STMG3) Vendredi 2 décembre : Enzo R. (Classe de 1 ère STMG3)

Douloureuse existence

par Michelle T. Classe de Première G7

Tellement libre en apparence Mon paysage renferme un triste sourire Rempli de désespoir et d’angoisse Qui guide mes pas vers la lumière.

Périlleux parcours pour mener une vie de rêve Parfois la tornade en emporte certains Les entraîne vers le fond Agrandit ma peine

Jusqu’au coucher du soleil Une profonde douleur me déchire le coeur Face à la tristesse quotidienne Qui hante mes nuits.

Douces larmes tranchantes comme des lames Qui laissent de profondes blessures Tue notre sommeil, éveille notre stress La nuit n’est plus qu’insomnie

Seule entre quatre murs étroits Je rêve de nuages éclairés Que le masque peut enfin tomber Face à personne pour me juger.

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« Seule entre quatre murs étroits Je rêve de nuages éclairés… »

Illustration : Bruno Rigolt, d’après Man Ray « Tears », 1933.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Luca M.

Découvrez aujourd’hui le poème de Luca M. (Classe de 1 ère STMG3) Mardi 29 novembre : Mona S. (Classe de 1 ère G7) Jeudi 1 er décembre : Michelle T. (Classe de 1 ère G7)

Triste sphère de plastique

par Luca M. Classe de Première STMG3

Triste sphère de plastique Échouée quelque part dans la boue. Et voici qu’émerge Cette rancœur, telle une parole De clarté tardive : « Je m’en vais ! » Déclare-t-elle.

Aussitôt, ce ballon rond Qui rêvait de victoires D’argent et d’or Traversa le fleuve sale Pollué de malice. Frontière dépassée,

Environnement si triste. Ballon fatigué, épuisé ; Le courant le mène vers un lieu Où le temps est beau Et le bonheur permis : Verdure et joie, plaisir et infini…

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Illustration : © Luca M., novembre 2022.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Mona S.

Découvrez aujourd’hui le poème de Mona S. (Classe de 1 ère G7) Lundi 28 novembre : Mélissa J. (Classe de 1 ère G7) Mercredi 30 novembre : Luca M. (Classe de 1 ère STMG3)

par Mona S. Classe de Première G7

Sous les foudre froides qui vont vers l’aube Sous l’écume des vagues, sur le sable J’ai vu un majestueux oiseau Les ailes au vent, le plumage éclatant

Ses yeux étaient aussi foudroyants que l’orage Sous des vagues de larmes, je vis la sienne Envahie d’un tourbillon de sensations Dans mon ventre, j’ai senti des bouquets de papillons

L’oiseau s’envola sans m’attendre D’un œil triste je continuais à le chercher Dans la pluie claire, seule dans mon monde Je pleurais de désespoir de le revoir

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Illustration : © Bruno RIGOLT

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Mélissa J.

Découvrez aujourd’hui le poème de Mélissa J. (Classe de 1 ère G7) Dimanche 27 novembre : Emma D. (Classe de 1 ère STMG3) Mardi 29 novembre : Mona S. (Classe de 1 ère G7)

Automne, saison des couleurs

par Mélissa J. Classe de Première G7

Automne, saison des couleurs ! Dans le froid humide, les feuilles dorées Se laissent tomber sur le sol givré Et dépérissent en un cimetière d’or.

Feuilles oubliées dans le passé, Les plus belles de l’été, Le feuillage roux des arbres s’envola, Pour un voyage dans l’au-delà.

En dessous de l’arbre dévêtu par la saison, Je les ai trouvées là, écrasées par les enfants Entre les cris et les ébats, ou mises en tas. Comme j’admirais cette feuillaison !

L’hiver venu, les arbres seront à nu, Et l’on se souviendra de leurs bras touffus. Pendant tout ce temps, j’attendrai les beaux jours, Pour voir enfin leur grand retour !

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Illustration : © Mélissa J., novembre 2022.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème d’Emma D.

Découvrez aujourd’hui le poème d’Emma D. (Classe de 1 ère STMG3) Samedi 26 novembre : Stacy L. (Classe de 1 ère G7) Lundi 28 novembre : Mélissa J. (Classe de 1 ère G7)

J’ai fait le rêve d’un monde…

par Emma D. Classe de Première STMG3

Au sein de la terre, l’aube se couche, Elle se mourrait si calme. Le seuil du soir se creuse au-dessus du vent Enchantant mon âme dans la solitude

Le soir brille en paix dans une mélancolie de silence. Le ciel aussi s’est taché de rêve, Libre comme un feu, le soleil se couche Derrière les rues de la ville mêlées à l’horizon.

Tombant comme le soir, la ville s’assoupit À la lumières des âmes lointaines. Le soleil de la nuit grandira libre, La blessure de la vie s’épanouira

Sous la lumière du vent, Le long des remparts du soir. J’ai fait le rêve d’un monde qui scintille Parmi les plaines désertes de la vie…

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Illustration : © Emma D., novembre 2022.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Stacy L.

Découvrez aujourd’hui le poème de Stacy L. (Classe de 1 ère G7) Vendredi 25 novembre : Léane B.-E. (Classe de 1 ère G7) Dimanche 27 novembre : Emma D. (Classe de 1 ère STMG3)

Ma plume sur le papier

par Stacy L. Classe de Première G7

Nous avons passé dix jours ténébreux À nous dévisager, silencieux. La clarté de ma lampe éclaire jusqu’à l’aube Ton teint pâle cerné d’encre bleue.

Le brouillard s’emparant de mon être, transforme Mon inspiration en une chose lointaine ; Et bien que toute gracieuse, Ma plume sur le papier reste silencieuse.

Depuis dix soirées brumeuses J’endure les tourments enragés Que me cause cette infinie traînée Aussi livide que le bleu nocturne de mon âme.

Ces dix nuits de calme désespérant Ont endormi la flamme de mon cœur ; Mais mon Être, têtu et persévérant , Trouvera l’inspiration, dans l’idéal ou le néant.

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Illustration : © Stacy L., novembre 2022.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Léane B.-E.

Découvrez aujourd’hui le poème de Léane B.-E. (Classe de 1 ère G7) Jeudi 24 novembre : Antonin E.-B. (Classe de 1 ère G7) Samedi 26 novembre : Stacy L. (Classe de 1 ère G7)

Enfance perdue Mon cœur est un voyage de souvenirs

par Léane B.-E. Classe de Première G7

Cette image d’enfant Chantant sous la lumière de la lune verte, Libre comme un feu, aussi pur qu’un ange, Me revient sans cesse.

Nous avons tant à perdre en perdant l’enfance, Et tant l’ont déjà perdue en arrachant leurs racines. Revenir à cette époque pleine de merveilles Est un rêve sortant de mon cœur.

Contre ma fenêtre, le long des remparts du vent, Mon corps tremble à travers des battements de larmes, Un profond chagrin parvient à moi, Sous une mélancolie de silence.

Mon cœur est un voyage de souvenirs Quand je pense à l’enfant parmi les rires à vous serrer le cœur, Ce n’est pas le regret qui s’impose mais un sentiment plus mortel. Je ferai en sorte de ne jamais l’oublier.

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Illustration : © Léane B.-E., novembre 2022.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème d’Antonin E.-B.

Découvrez aujourd’hui le poème d’Antonin E.-B. (Classe de 1 ère G7) Mercredi 23 novembre : Marwa A. (Classe de 1 ère STMG3) Vendredi 25 novembre : Léane B.-E. (Classe de 1 ère G7)

Passage vers l’au-delà

par Antonin E.-B. Classe de Première G7

Le Piéton est semblable au messager de l’au-delà Qui s’envole en quête de paroles nouvelles. Et le passage piéton est l’intermédiaire albe ; L’escalier bâti par les mains de Dieu.

Tel un messie je distingue une lueur au loin Qui m’appelle, au bout de ce passage, L’Ange, vert de confiance me fait signe d’avancer. Je me mets à piétiner ces dalles nuageuses…

Pendant mon ascension je regarde avec mépris Le spectacle assourdissant des créatures noires Lançant des cris de haine Devant la flamme qui les éblouit tant.

Je rejoins enfin la terre des anciens, Prêts à m’accueillir comme leur enfant. Sous les nuages, l’ange effrayé s’envole Et fait place à son frère déchu.

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Illustration : © Antonin E.-B. novembre 2022.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Marwa A.

Découvrez aujourd’hui le poème de Marwa A. (Classe de 1 ère STMG3) Mardi 22 novembre : Lola B. (Classe de 1 ère STMG3) Jeudi 24 novembre : Antonin E.-B. (Classe de 1 ère G7)

Le vent là-bas…

par Marwa A. Classe de Première STMG3

Dans la forêt, un banc. J’aime m’y asseoir Quand la solitude règne, quand le cœur saigne, Le vent là-bas chante une mélodie radieuse, Le monde tourne dans le ciel.

Dans la forêt, un banc. J’aime m’y asseoir Ses bois fissurés laissent entrevoir les larmes du temps Et pourtant le soleil passe à travers les arbres abîmés, Et pourtant mon cœur est fendu comme un arbre.

Dans la forêt, un banc. Les multitudes d’étoiles Chantent une chanson de pluie et d’automne, Merveilleuse harmonie désaccordée Perdue entre le cœur et la raison.

Dans la forêt, un banc. L’espoir s’avance Vers le cœur p alpitant du monde. Le silence appelle le bruit. Le bruit appelle les larmes Et la solitude s’est transformée en une poussière de feuilles mortes…

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Illustration : © Marwa A., novembre 2022.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Lola B.

Découvrez aujourd’hui le poème de Lola B. (Classe de 1 ère STMG3) Dimanche 20 novembre : Alice D. (Classe de 1 ère G7) Mercredi 23 novembre : Marwa A. (Classe de 1 ère STMG3)

Tes yeux le soir…

par Lola B. Classe de Première STMG3

Tes yeux le soir me donnent accès à l’espérance Je sens ton âme qui chavire sur cette route À la lueur du vent. Je marche Sous des battements de larmes ;

La nuit en longs vêtements d’étoiles Chevauche les multitudes lointaines, Déclare les bruits des pluies de l’été Du haut du ciel illuminé par ta véritable identité.

Tes pupilles tachées de bleu Nageant dans les tourments du vent Éclairent l’espoir des cieux Où les ombres me regardent innocemment.

Face au miroir ruisselant De la lune bleue de tes yeux, Ta voix me parvient sous la lumière du réverbère Et ma voix rêve d’un voile qui scintille dans la nuit…

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Illustration : © Lola B., novembre 2022.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème d’Alice D.

Découvrez aujourd’hui le poème d’Alice D. (Classe de 1 ère G7) Vendredi 18 novembre : Timëa D. (Classe de 1 ère G7) Mardi 22 novembre : Lola B. (Classe de 1 ère STMG3)

Voici la mer

par Alice D. Classe de Première G7

Bouillonnant de mystère, le ciel d’écume Brille dans le soir. Des multitudes d’étoiles traversées par la vie Semblent s’émouvoir.

Et soudain, dans le silence assourdissant, Un murmure. Cette voix nocturne qui m’appelle, Enchantant mon âme en ses profondeurs :

Voici la mer.

Le temps s’évanouit, parsemé de gouttes de sable… Laissant tressaillir le monde par ce charme, Comblant le silence de l’âme.

La nuit calme les déchirures, Dessine mélodieusement un passage Dans le velours des vagues, Invitant mon cœur à y séjourner…

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Illustration : © Alice D., novembre 2022.

Un Automne en Poésie… Saison 12… Aujourd’hui le poème de Timëa D.

Découvrez aujourd’hui le poème de Timëa D. (Classe de 1 ère G7) Hier, 17 novembre : Chloé A. (Classe de 1 ère STMG3) Dimanche 20 novembre : Alice D. (Classe de 1 ère G7)

Bourrasques enflammées

par Timëa D. Classe de Première G7

Le peuple des feuilles tombe Tel le roulement des vagues maritimes Étésien pourtant, le ciel automnal devient agressif, électrique, Un souffle de chaleur et de rancœur : la plage s’attriste Elle n’aura plus les souvenirs qui la faisaient vibrer, Effacés par une simple bourrasque…

Le coquillage me fait entendre la forêt enflammée. Les oiseaux enneigés repartent Pour une virée sableuse et voyageuse. Errant sans but, divaguant, attendant, L’hiver viendra et l’été s’oubliera Je ne veux pas les laisser partir, je ne peux pas.

Me voilà, dansant dans les tornades envoûtantes, Ces pétales de couleurs, par milliers s’envolent Orange, rouge et jaune deviennent l’hymne du vent. Bercée par cette capacité onirique et nostalgique, Ma perception s’embrouille de cette volupté Et se laisse emporter dans ce puits de beauté.

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Illustration : © Timëa D., novembre 2022.

COMMENTS

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